Osez écrire, atelier d'écriture créative - Les mots d'humour, quatrième proposition - CommentairesAtelier d'écriture créative
de la bibliothèque de Trouville sur mer2024-03-24T13:23:35+01:00Caroleurn:md5:0fa72876b5fe880e081b9368cd439543DotclearLes mots d'humour, quatrième proposition - Isa Lebastardurn:md5:fe2174912c296754094c8e125be0837d2019-05-29T23:19:09+02:00Isa Lebastard<p>À première vue, et d’assez loin, le jeune homme a belle allure. Manteau militaire, col Mao, boutons dorés, maintien fier et droit. Toutefois, si l’on se penche sur la photo sépia, on percevra davantage de détails qui nous dévoileront le caractère de cet ancien militaire. La mèche rabattue latéralement sur le front tente vainement de masquer une calvitie précoce mais ne cache pas la vanité masculine prise en défaut. La moustache, soigneusement taillée à ses extrémités, ancre le personnage dans les stéréotypes de l’époque et confirme le désir d’une certaine séduction, la recherche d’un dandysme de bas échelle. Les yeux, petits, enfoncés, méfiants, scrutent le monde pour se l’approprier, dans une quête de pouvoir et de puissance malsaine. Le nez, droit, assez petit, infuse sa marque de faiblesse masculine, transpire la mollesse de volonté et l’appétit pour les choses plus charnelles qu’intellectuelles. Le manteau militaire ne présente aucun galon, aucune médaille, aucune décoration d’aucune sorte, ce qui, au sortir de la guerre de 14-18, confirme bien la lâcheté de l’homme, la faiblesse déguisée en bravoure, et voire même, le manque d’intelligence, de finesse, de ruse de l’individu, incapable tout au long de quatre années passées dans les tranchées de monter en grade, grâce aux camarades morts, et de se distinguer d’une manière ou d’une autre. Enfin, l’homme de Montcul n’a pas assuré le minimum vital, la prestation morale obligatoire, en cette période de combats : se faire tuer au front, rapporter une pension à sa veuve afin d’assurer l’éducation de ses enfants, et un peu de mérite à son petit village natal, dont il aurait pu facilement agrandir la réputation en allongeant d’une ligne la liste sur le monument aux morts de la commune. C’est donc en conséquence de ce qui précède, que, au début de l’année 2019, ses descendants, arrières-petits-fils, ainsi que monsieur André Rouletabille, maire de Montcul, décidèrent, à l’unanimité du conseil municipal, de jeter aux orties, sur le sentier pédestre et cyclable C43 reliant Montcul à Montfort, l’unique portrait mal encadré du reste, travail d’amateur, de cet ancêtre inutile et grossier pour refus notoire de participer à la solidarité familiale et à l’effort de guerre national en Normandie.</p>
<p>Isa Lebastard</p>Les mots d'humour, quatrième proposition - Brigitteurn:md5:b60195d762527c8941b44006ed26bfb92019-04-14T14:37:43+02:00Brigitte<p>Il est beau comme un sou neuf. Il est fier, le regard noir comme le sont ses idées. il nous fixe tel un merlan frit rigide et guindé.<br />
Il a tué et cela le réjouit. il a le sourire d’une tortue endormie. Son uniforme est impeccable, ses moustaches aussi.<br />
Son portrait a dû le satisfaire, ainsi qu’à ses proches et à sa famille, tout au moins certains…<br />
Maintenant, il git dans ce fossé de Montcuq.<br />
Son arrière petit fil a longtemps regardé, admiré don aïeul. Puis la terrible vérité lui dévoilée : il est le descendant d’un sanguinaire manipulateur et utopiste.<br />
Cruelle déception pour un humanitaire qui pense perpétuer la tradition familiale de civiliser les peuples dans la croyance catholique.<br />
Voilà que ce Gustave s’est rebellé et a soutenu les mouvements d’indépendance et de libération. il a même fini fusillé pour désertion<br />
Alors voilà ce portrait dans ce fossé c’est pour laisser Gustave à la vindicte des passants occasionnels. Et s’il arrive à survivre, il sera la cible d’un stand de tir ou d’un chamboule-tout.</p>Les mots d'humour, quatrième proposition - Lucetteurn:md5:4c4db4c18402554acbd6155e3cee4a1e2019-04-11T15:34:26+02:00Lucette<p>« Oh! Le beau militaire! Enfin beau c’est vite dit. Un torse plutôt maladif, des épaules étroites, le tout engoncé dans un uniforme étriqué. Un col étroit et serré qui a l’air de faire tenir une tête qui n’a pas du tout envie d’être là. Un nez long et fin qui plonge dans une moustache noire qui cache sa bouche. Deux grandes oreilles, un début de calvitie et des yeux tristes de chien battu.<br />
- C’est qui ce mec? Il est moche!!! Dit Charlotte à son arrière grand-mère.<br />
- C’est Henri, mon amour de jeunesse. C’est vrai, il n’a rien d’un Apollon, mais je l’aimais, je l’aimais tant. Il n’est jamais revenu de la guerre...j’aurais voulu mourir aussi... Et puis j’ai rencontré ton arrière grand-père et j’ai fondé une belle famille avec lui.<br />
- Tu ne va pas garder cette vieillerie?<br />
- Bon...tu peux le jeter . »<br />
Alors Charlotte, qui n’est pas du genre à s’encombrer de vieilleries, qui n’est pas non plus du genre très écolo à balancé Henri dans un fossé près de Montcuq.<br />
« brrrr....je ne n’aurais pas aimé que tu sois mon arrière grand-père!!! »</p>