Vider son sac, deuxième proposition
12 janv. 2018
Par carole lacheray - Vider son sac, deuxième proposition - Lien permanent
Une histoire sortie du sac...
Qu’évoque pour vous l’un de ces objets (souvenir réel, imaginaire ou émotion) qui figure dans l’inventaire que vous venez d'écrire en première partie ? Insérez votre texte en commentaire...
Voici un exemple extrait du roman "Le sac à main" de Marie Desplechin :
Un morceau de chocolat noir emballé dans un papier rouge et noir
Je regrette que les limonadiers ne proposent pas le choix entre le chocolat noir et le chocolat au lait, voire le chocolat blanc. Je n’ai pas le goût des amateurs. Par-dessus tout, je préfère un bon Côte d’Or, gras et sucré. Pourtant, quand je commande l’un de ces mauvais cafés que l’on boit à Paris, j’emporte toujours le carré déposé sur la soucoupe. Je ne peux m’ôter de l’esprit qu’il pourrait être nécessaire. Moi qui n’ai pas connu la guerre sur mon sol, ni la pauvreté dans mon enfance. Moi qui crée les dangers que j’affronte. Un jour trop occupé, un jour où je n’ai pas trouvé le temps de déjeuner, alors que la fatigue me prend et que je me souviens que je suis affamée, je sors le chocolat qui vivote au fond de mon sac, je le déballe et je le mange. A force d’avoir attendu, le chocolat a pris une couleur terne et un goût de poussière. Je le laisse fondre dans ma bouche. Instantanément, je suis moins fatiguée. Il m’arrive aussi de le donner à un gosse. Nous sommes en train de faire des courses, ou nous nous dirigeons vers un square. Nous sommes à cran. Le chocolat est un outil rudimentaire de la diplomatie. Il fait diversion, il nous réconcilie, il nous aide à patienter, c’est selon.
Commentaires
Usée et sans éclat, je ne pourrais pourtant pas m'en débarrasser. Elle m'accompagne au fond de mon sac depuis quarante ans déjà. C'est une petite statuette de chouette, qui tient dans la paume de ma main, que mon ami Nikos m'avait offerte à Athènes. J'avais trouvé ce présent puéril, mais touchant. Comme tout ce qui émanait de Nikos d'ailleurs...
louise« - Garde la précieusement, elle symbolise la force, le savoir et la sagesse. »
La chouette était mignonne, les yeux de Nikos irrésistibles. Athéna avait donc été enfouie puis oubliée dans le fond de mon sac, juqu'au jour de mon retour en France.
Alors que je me présentai au bureau de la douane, à l'aéroport, un douanier très zélé, fouilla mon sac en le vidant sur son bureau sans ménagement. Pièces, lunettes, porte feuille, photos, et tous les petits objets, reflets intimes de ma vie de femme se répandirent à la vue de tous ceux qui m'entouraient. La petite chouette atterrit sur le sol à mes pieds. Le douanier détaillait chaque objet avec un air sadique, bien conscient de l'embarras dans lequel il me mettait. Je ramassai la chouette qu'il n'avait pas vue, la gardant bien serrée dans mon poing.
L'homme me demanda après de longue minutes, et un sourire provocateur, à quoi pouvait bien servir chacun de ces objets, et qui était sur les photos, Exaspérée par cette inquisition, Je serrai très fort la chouette dans ma main, me répétant muettement en boucle: « savoir, force,sagesse, savoir force, sagesse....» pour me contraindre à ne pas lui crier à la face ce que je pensais de son attitude, me doutant bien que je m'exposerais à des ennuis si j'agissais ainsi.
Je finis par quitter le bureau de la douane, le douanier vicieux se lassant de son jeu et n'ayant rien à me reprocher.
Je suis sortie très fière de cette épreuve, la chouette m'avait aidé à affronter l'imbécilité de cet homme sans m'énerver, ce qui m'aurait porté préjudice.
J'ai eu malheureusement maintes fois l'occasion de serrer la chouette dans mon poing depuis ce jour.
Athéna continue à m'aider à affronter les situations difficiles : « force, savoir et sagesse, force, savoir et sagesse...