Qu’évoque pour vous l’un de ces objets (souvenir réel, imaginaire ou émotion) qui figure dans l’inventaire que vous venez d'écrire en première partie ? Insérez votre texte en commentaire...

Voici un exemple extrait du roman "Le sac à main" de Marie Desplechin :

Un morceau de chocolat noir emballé dans un papier rouge et noir

Je regrette que les limonadiers ne proposent pas le choix entre le chocolat noir et le chocolat au lait, voire le chocolat blanc. Je n’ai pas le goût des amateurs. Par-dessus tout, je préfère un bon Côte d’Or, gras et sucré. Pourtant, quand je commande l’un de ces mauvais cafés que l’on boit à Paris, j’emporte toujours le carré déposé sur la soucoupe. Je ne peux m’ôter de l’esprit qu’il pourrait être nécessaire. Moi qui n’ai pas connu la guerre sur mon sol, ni la pauvreté dans mon enfance. Moi qui crée les dangers que j’affronte. Un jour trop occupé, un jour où je n’ai pas trouvé le temps de déjeuner, alors que la fatigue me prend et que je me souviens que je suis affamée, je sors le chocolat qui vivote au fond de mon sac, je le déballe et je le mange. A force d’avoir attendu, le chocolat a pris une couleur terne et un goût de poussière. Je le laisse fondre dans ma bouche. Instantanément, je suis moins fatiguée. Il m’arrive aussi de le donner à un gosse. Nous sommes en train de faire des courses, ou nous nous dirigeons vers un square. Nous sommes à cran. Le chocolat est un outil rudimentaire de la diplomatie. Il fait diversion, il nous réconcilie, il nous aide à patienter, c’est selon.