Le goût des mots, première proposition
15 mar. 2018
Par carole lacheray - Le goût des mots, première proposition - Lien permanent
Mets-moire
A la manière de Philippe Delerm dans " La première gorgée de bière",
rédigez un court texte qui doit mettre en valeur les sensations éprouvées à l'évocation d'un mets ou d'une boisson qui :
qui vous fait saliver,
ou qui évoque un souvenir d'enfance
ou qui vous fait horreur
- Et pour vous?
- Un banana-split.
C'est assez difficile à commander, cette montagne de bonheur simple. Le garçon l'enregistre avec une objectivité déférente, mais on se sent quand même un peu penaud. Il y a quelque chose d'enfantin dans ce désir total, que ne vient cautionner aucune morale diététique, aucune réticence esthétique. Banana-split, c'est la gourmandise provocante et puérile, l'appétit brut. Quand on vous l'apporte, les clients des tables voisines lorgnent l'assiette avec un oeil goguenard. Car c'est servi sur assiette, le banana-split, ou dans une vaste barquette à peine plus discrète. Partout, dans la salle, ce ne sont que coupes minces pour cigognes, gâteaux étroits dont l'intensité chocolatée se recueille dans une étique soucoupe. Mais le banana-split s'étale: c'est un plaisir à ras de terre. Un vague empilement de la banane sur les boules de vanille et de chocolat n'empêche pas la surface, exacerbée par une dose généreuse de chantilly ringarde. Des milliers de gens sur terre meurent de faim. Cette pensée est recevable à la rigueur devant un pavé au chocolat amer. Mais comment l'affronter face au banana-split? La merveille étalée sous le nez, on n'a plus vraiment faim. Heureusement, le remords s'installe. C'est lui qui vous permettra d'aller au bout de toute cette douceur languissante. Une perversité salubre vient à la rescousse de l'appétit flageolant. Comme on volait enfant des confitures dans l'armoire, on dérobe au monde adulte un plaisir indécent, réprouvé par le code - jusqu'à l'ultime cuillerée, c'est un péché
Commentaires
Mets amis,
Oh riz au lait de la maternelle, que je n'ai pas pu avaler !
Ha la pomme granit acide, nappée de chocolat fondu que j'ai mangé tout cru,
le contraste détonant, à aiguisé ma curiosité.
Je ne parlerai pas du pain perdu,
ni de la galette de ma grand mère.
Tout en écoutant Renaud et ses mistrals gagnant, ca mijote, la soupe est là...
Vivement le printemps et ces poissons en chocolat,
alipour le péché et pour la farce, en attendant je vais m'offrir un kinder surprise .
Ali
- Et pour vous, ce sera ?
BrigitteVoilà, c’est mon tour ….. Compliqué de devoir choisir face à cet étalage de couleurs et d’odeurs. Comment ne pas voir les yeux plus grands que le ventre ? Comment ne pas avoir les yeux plus grands que ce que peut contenir le cabas ?
La vendeuse attend que mon indécision se précise, les clients suivants s’impatientent …. Il me faut me décider.
Alors je demande des choux de Bruxelles, tout frais, des carottes si fières, la batavia rouge croquante, l’ananas joyeux, les pommes attirantes, mais voilà que les oranges me font de l’œil.
Je m’éloigne le panier plein et le cœur tristes d’avoir abandonné tant de promesses succulentes.
Brigitte
Ah ! La cervelle d'agneau du samedi midi reste l'un des pires souvenirs de mon enfance;
Louise"- Mange, me disait ma grand mère, c'est tout frais, ça va te muscler le cerveau !
Devant ma moue boudeuse face à ce répugnant tableau composé d'une masse blanche et grise, informe et molle, composant mon assiette, Mamie ajoutait :
- C'est pour tes neurones, c'est bien connu, ça rend intelligent !
Mon éducation stricte m'interdisait alors de contrarier mon aïeule et j'avalais l'ignoble cervelle en fermant les yeux, le plus vite possible.
Ce supplice dura jusqu'à mes huit ans. Un samedi de novembre, je décidai de me révolter et de refuser la torture que l'on me faisait endurer. Profitant de la distraction de ma grand mère, je m'empressai de prendre l'objet de mon dégoût pour le déposer à mes pieds, espèrant que le chat s'en chargerait bien vite.
Mais le chat n'en voulut pas, Mamie ayant vu ma manoeuvre, me regarda d'un oeil attendri et me dit :
- Il faut le dire si tu n'aimes plus celà; Désormais le samedi je te ferai un steack bien saignant; C'est bon pour tes muscles..."
Je dus supporter l'horrible steack bien saignant jusqu'à l'âge de mes douze ans, lorsque l'on considéra que j'étais assez grande pour me débrouiller seule le samedi midi.
Peut être est ce pour cette raison que je suis devenue végétarienne ?
Louise
.. Le poing s'écrasa tomba...À table!
Je plaide coupable, c'est plus facile.
Je recrache tout !
J'avoue
Oui j'ai souvent craqué devant un paquet de friandises, acheté à la volée, ouvert à la promesse d'une salvatrice , régression.
J'ai la tête vide ,
l'inspecteur se fait pressant .
Les crêpes... Oui la chandeleur est fréquente chez moi .
Je m'empare d un saladier, (j'explique je n'ai pas envie de finir dans le panier à salades).....
et ni vu ni connu,a moi le brick de lait, la poudre blanche, on ne casse pas des oeufs sans faire d' omelette !
En un tour de main , la pâte se transforme en galettes
Une à une le beurre le sucre
La pile est la preuve et l'indice d' une réjouissance annoncée !
Je n'ai pas de complice juste un innocent,. qui avale tout rond ce dessert , qui à souvent fait office de repas.
Voilà j'ai été cuisinée , la crêpe c'est mon péché mignon.
AliAli
Boire un gin tonic à la tombée du jour avant l’effervescence du dîner est un cérémonial auquel je ne saurais déroger.
heylietteLe signal vient de ma fille quand elle a besoin d’une pause : « Tu viens, je t’emmène au bar ».
Le bar est construction de planches de bois, installée sur la colline qui surplombe la propriété.
Elle met une bouteille de gin et une autre d’eau gazeuse dans une petite glacière.
Heyliette
Et là-haut, avec les champs à perte de vue, durant quelques trop courtes minutes, je peux enfin échanger avec ma fille avant qu’elle ne soit de nouveau happée par sa remuante petite famille.