Murs, murs, cinquième proposition
15 avr. 2018
Par carole lacheray - Murs, murs, cinquième proposition - Lien permanent
Faire le mur
Les murs ça n'effraie que ceux qui restent plantés devant ! Même si on s'écorche en grimpant, même si on se blesse en retombant... on se repose, on attend que le souffle revienne pour la prochaine escalade. Mais ne rien entreprendre parce que le mur semble trop haut, se dire qu'on n'y arrivera jamais, autant se flinguer.
Lettres d'amour d'un soldat de vingt ans, - Jacques Higelin
Commentaires
Elle rentre contente… Et elle réalise que son fils à contre son gré fermer à clé la porte extérieure et qu’il a gardé les clés.
Un jeu de clés se trouve bien cacher de l’autre côté du mur, il ne reste donc qu’une solution : escalader. Elle rouspète, les portes fermées ce n’est pas son truc.
Elle regarde, dépitée ce mur aux matériaux hirsutes. Il a du charme pourtant, du lichen, de la mousse et même quelques fougère l’ont habillé de verdure et masquent sa tristesse. Mais dans le cas présent un bon pied de lierre bien solide serait plus utile.
Alors elle observe ce mur familier et méconnu et voilà qu’elle remarque une sorte de liane (de la viorne, une clématite ?) vigoureuse prête à accueillir son escalade.
Et c’est parti. Elle se hisse et se retrouve au sommet du mur, elle est contente elle s’imagine Zizi Jeammaire descendant les marches du Moulin Rouge. Elle contemple son chez-elle de ce point de vue inédit. Mais la réalité (faite de gouttes de pluie) la fait redescendre sur le mur. La chute risque d’être dure. Elle se laisse glisser, déchire son pull au passage et atterrit sur le gravillon. Ouf !
Version 1
Elle court chercher les clés cachées…. et ne les trouve pas. Il n’y a plus qu’à recommencer dans l’autre sens et aller dormir ailleurs en attendant de voir.
Version 2
brigitteLes clés sont là ! Soulagée, elle ouvre grand la porte en prenant soin de ne pas la fermer et rentre chez elle en chantonnant et en rouspétant.
Il paraît que c’est un mur, qui sépare, protège, un obstacle infranchissable pour se préserver.
brigitteMoi j’appelle plutôt cela un lieu de vie, un refuge sympathique….
C’est là que mes petits sont nés, c’est là qu’ils ont grandi, c’est là que nous les avons nourris, c’est là que se trouvent tous ces petits insectes si gouteux. C’est là que nous pouvons batifoler avec les papillons. C’est là que nous vivons heureux.
De l’ombre, du soleil, des copains et pas de chats, pas de chouettes, un vrai paradis. C’est là que j’entends les abeilles bourdonner, même certains lézards viennent se prélasser vers nous, ils savent que nous n’allons pas les manger.
C’est là que nous tenons concert quand bon nous semble. Un point portant que je n’aime pas, parfois le sommeil est dur à trouver, trop de lumière…. mais nous finissons toujours à trouver un petit coin sombre en attendant l’aube.
Quant à le franchir, ce n’est vraiment pas compliqué, il suffit de prendre son envol.
Mais nous n’avons aucune envie de passer de l’autre côté du mur, nous sommes bien ici.
C'est idiot, après tout, c'est une femme comme les autres : elle dort, elle mange, elle marche, elle peste certainement dans les embouteillages.
LouiseNon, pas sûr, dans les embouteillages, elle garde son air hautain, distant."Je ne va quand même pas me laisser exaspérer pour de si banales vicissitudes". Voilà ce qu'elle pense cette garce. Tout juste si elle émettra un "crotte" en levant le petit doigt.
C'est plus fort que moi, elle m'impressionne. Est-ce parce qu'elle trône derrière son bureau, dressant ainsi consciemment un mur entre elle et ses employés ?
Je dois franchir ce mur, dépasser ma peur de l'affronter. Foncer, la prendre de court.
Voilà. Je respire profondément trois fois. Je l'imagine derrière cette porte, son maquillage dégoulinant, des miettes collées sur ses superbes dents blanches, son chignon de travers. Elle a dégrafé le bouton de la ceinture de son pantalon, elle a les pieds sur son bureau. Je frappe à la porte. Un "entrez" sec me répond. J'ouvre, je m'élance.
"- C'est à propos de mes congés...."
Louise
Casser la barraque,
J'ai vu l'agent immobilier hier,
c'est rien, il faut juste arriver à se projeter, m'à t'il dit..
Les voisins ont l'air sympa, mais 6 mois de travaux, ça me semble difficile à leur faire accepter.
Valérie m'a dit "ça casse pas des briques !"
du coup je ne sais plus...
Que celui qui ne s'est jamais trompé me jette la première pierre,
je me lance, tant pis !
Vaut mieux un petit chez soi, qu'un grand chez les autres.
Du coup, j'ai signé.
AliAli
C’est l’été de mes dix-sept ans. La nuit est propice aux rêves et aux folies.
heylietteDans la grande maison louée pour l’été en bord de mer, les trois sœurs partagent une grande chambre. La cadette de 16 ans, plus délurée que son aînée a fait, dans la journée, connaissance avec trois garçons. Des hommes, ils ont une voiture !
En rentrant de la plage, elle m’a fait une confidence. Ce soir, elle a rendez-vous avec ses nouveaux amis pour aller en boîte de nuit à quelques kilomètres de là. Elle sait qu’elle n’aura pas la permission parentale alors elle me demande d’être sa couverture.
Il est 22 heures, elle vient de s’enfuir par la fenêtre. Elle a fait le mur, c’est notre deal ! Notre mère entre pour vérifier si nous dormons, la plus jeune n’a que 11 ans. Je me précipite vers elle, un doigt sur la bouche : chut, les deux plus jeunes sont endormies !
Et moi, je ne dormirai pas jusqu’au retour de l’effrontée qui fort heureusement est revenue saine et sauve. Mais ça, c’était avant.
Au Pays Basque,on lui indique un jeu particulier, endémique peut-être même : la Pelotte Basque.Face à un mur, deux joueurs côte à côte se renvoient une balle par ricochet sur un mur. Ils ne se font donc pas face et ne jouent que par la complicité du mur.
Etrange, se dit-il
Quel est le plaisir à s’affronter sans sans se regarder ?
….Si je supprimais le mur ?
Ainsi fut fait : un filet remplacera ce mur et les partenaires se feront face : quel plaisir de voir son adversaire manifester sa joie ou sa colère ,c’est selon la réussite ou l’échec de son coup !
Imagine-t-on un match Connors/ Mac Ennroe s’affrontant à la Pelotte Basque ?
OlivierOlivier