Ecrire un texte humoristique : pour commencer, recherchez dans votre passé proche une situation anodine qui vous a contrarié(e).

Votre texte , écrit à la première personne, commencera par la présentation de cet événement anodin. Puis amplifiez, ce qui s’en est suivi, votre réaction, n’ayez pas peur d’exagérer, d’aller très loin dans l’absurde et le démesuré. Commencez et terminez votre texte par « ça fait peur non ? »

Vous pouvez vous inspirer de ce monologue de Jean Michel Ribes :

ça fait peur, non ? Si, ça fait peur !… On vit dans le danger nuit et jour et personne ne le sait. Alors bien sûr les gens vous croisent et vous disent « Ah tiens bonjour, salut, comment vas- tu, alors en forme ? » Qu’est-ce que vous voulez que je leur réponde ?! Je leur dis « Oui ça va, ça va bien, très bien. » Seulement si je leur disais par exemple que mardi en allant au bureau, j’ai lu sur un petit carton accroché dans le hall : « La concierge est dans l’escalier »… Je jette un œil, elle n’y était pas ! Juré ! Ça fait peur, non ?! Si je leur disais, je les vois d’ici, ils me diraient « Mais enfin écoute, arrête, t’exagères, c’est dans ta tête. Tu lis trop !

Je me souviens, je lisais un livre léger, distrayant, un livre de Kafka. Un humoriste tchèque, un homme qui savait rire. J’en étais au bas de la page 73, je me rappelle très précisément de la phrase : « Monsieur Samsa n’avait qu’une envie : mourir. » Passionné je tourne la page, quand c’est drôle on dévore, et là, ma respiration s’arrête nette, je n’invente rien : il manquait une page ! La 74 ! Tiens rien que d’en parler, ça me serre là. La 74 disparue, comme ça sans explication, le trou béant en plein milieu d’un récit… Ça fait peur, non ? Alors que faire ? Le dire à la jeune fille qui était assise en face de moi ? Pauvre petite, à son âge elle se serait affolée. Appeler le contrôleur ? Sifflet ! Cris ! Signal d’alarme ! Vous imaginez la panique ! Deux cents personnes hagardes dans la campagne en train dechercher ma page 74 ! Non, je ne pouvais pas leur faire ça. Alors, j’ai serré les poings, j’ai continué à lire, souriant comme si de rien n’était.

Tenez encore hier soir, je rentrais chez moi. iI était neuf heures seize très précisément, c’est une heure tranquille en général, eh bien vous me croirez si vous voulez, j’appuie sur le bouton de l’ascenseur : EN PANNE ! Vous savez, on a beau être habitué à côtoyer vingt-quatre heures sur vingt-quatre heures le danger, ça fout un coup ! Bon je prends du recul, je maîtrise l’émotion, je fais comme si de rien n’était, je gravis l’escalier : il grinçait ! Comme par hasard ! Que faire, redescendre ? Trop tard, j’étais déjà au troisième. Je prends sur moi… mes clefs, j’ouvre ma porte et là, en un éclair, j’ai une illumination : ne pas allumer ! Un pressentiment… une certitude… il est là ! Comment qui ? Mais l’assassin ! Celui qui me cherche, celui qui m’a volé ma page 74, celui qui a tué la concierge ! L’assassin m’attend chez moi, j’en suis sûr et ça, ça fait vraiment peur.

Si je leur disais tout ça, les gens  me diraient « Mais enfin, écoute, t’es dingue, c’est dans ta tête, c’est des idées. » Ils ne se rendent pas compte, personne ne se rend compte ? Ça fait peur, non ?!