Eparpillez vos chambres sur la carte de Trouville, de France, ou, pourquoi pas, sur la carte du monde.

Je me sers peu de mon quartier. C’est seulement par hasard que quelques-uns de mes amis vivent dans le même quartier que moi. Par rapport à mon logis, mes principaux centres dintérêt sont plutôt excentriques. Je nai rien contre le fait de bouger, au contraire.
Pourquoi ne pas privil
égier la dispersion ? Au lieu de vivre dans un lieu unique, en cherchant vainement à sy rassembler, pourquoi naurait-on pas, éparpillés dans Paris, cinq ou six chambres ? Jirais dormir à Denfert, jécrirais place Voltaire, j’écouterais de la musique place Clichy, je ferais lamour à la poterne des peupliers, je mangerais rue de la Tombe-Issoire, je lirais près du parc Monceau, etc. Est-ce plus stupide, en fin de compte, que de mettre tous les marchands de meubles faubourg Saint-Antoine, tous les marchands de verrerie rue du Paradis, tous les tailleurs rue du Sentier, tous les Juifs rue des Rosiers, tous les étudiants au quartier Latin, tous les éditeurs à Saint-Sulpice, tous les médecins dans Harley Street, tous les Noirs à Harlem ?"

Georges Pérec
Esp
èces d'espaces

Ed. Galil
ée.

Et vous, si vous privilégiiez la dispersion, quelle serait la carte de votre journée ?

Choisissez cinq endroits : soit dans Trouville, soit en France, soit dans le monde, écrivez ce que vous feriez dans chacun de ces lieux.