Le dessous des cartes, quatrième proposition
17 mai 2019
Par carole lacheray - Le dessous des cartes, quatrième proposition - Lien permanent
La carte routière
Eparpillez vos chambres sur la carte de Trouville, de France, ou, pourquoi pas, sur la carte du monde.
Je me sers peu de mon quartier. C’est seulement par hasard que quelques-uns de mes amis vivent dans le même quartier que moi. Par rapport à mon logis, mes principaux centres d’intérêt sont plutôt excentriques. Je n’ai rien contre le fait de bouger, au contraire.
Pourquoi ne pas privilégier la dispersion ? Au lieu de vivre dans un lieu unique, en cherchant vainement à s’y rassembler, pourquoi n’aurait-on pas, éparpillés dans Paris, cinq ou six chambres ? J’irais dormir à Denfert, j’écrirais place Voltaire, j’écouterais de la musique place Clichy, je ferais l’amour à la poterne des peupliers, je mangerais rue de la Tombe-Issoire, je lirais près du parc Monceau, etc. Est-ce plus stupide, en fin de compte, que de mettre tous les marchands de meubles faubourg Saint-Antoine, tous les marchands de verrerie rue du Paradis, tous les tailleurs rue du Sentier, tous les Juifs rue des Rosiers, tous les étudiants au quartier Latin, tous les éditeurs à Saint-Sulpice, tous les médecins dans Harley Street, tous les Noirs à Harlem ?"Georges Pérec
Espèces d'espaces
Ed. Galilée.
Et vous, si vous privilégiiez la dispersion, quelle serait la carte de votre journée ? Choisissez cinq endroits : soit dans Trouville, soit en France, soit dans le monde, écrivez ce que vous feriez dans chacun de ces lieux. |
Commentaires
Cartes, cartes à rêver, cartes à s'éparpiller
BrigitteJ'ai un peu bougé,changé de lieux, d'environnements. Pourtant je suis fidèle, mais les envies de voir ailleurs demeurent. Je pourrai choisir des lieux que je connais, que j'ai aimés, où j'ai été heureuse. Mais je trouve plus rigolo de me laisser porter par des lieux que je ne connais que par des dire ou des lire. Donc des lieux que mon imagination a concoctés.
Quel meilleur endroit de naître face à l'océan, face au large, en compagnie de vaches, de moutons, d'herbes folles et de vents ébouriffants ? Donc voilà je m'ouvre au monde à Ouessant.
Je m'installe pour essayer de peindre dans la bambouseraie d'Anduze, comme on peut rêver j'arrive à saisir les jeux de lumières, les 50 nuances de vert tout en me laissant bercer par le murmure des feuilles de bambous qui m'offriront une belle revanche, j'en profite mais ne m'en occupe pas !
Les étangs de la Dombe aux lumières douces, là je me poste sur un bateau et j'attends, regarde, écoute. Je deviens invisible et peux admirer toutes sortes d'oiseaux que je 'étonne de connaître et reconnaître.
Une cabane de berger, les brebis qui se serrent, les agneaux qui bêlent, les chiens qui gardent.
La fraîcheur gagne cette causse de Lozère. Oui c'est là que je vais dormir loin de tout mais proche des loups. Et je suis sûre que les loups ne feront de mal ni aux brebis, ni aux chiens, ni à moi !
Bon quand même, un peu d'urbanisme ne fait pas de mal.... alors me voilà dans cet établissement prestigieux, avec des peintures, des dorures, et surtout cette vue sur les rails et l'évasion. Mon bouquin bien prêt, j'attends que le serveur du Train bleu vienne prendre ma commande. Alors j'ouvre ce bon roman, frétillant d'impatience tout en savourant un thé délicat.
Toute journée se doit de commencer par un véritable English breakfast : œufs brouillés, bacon, boudin noir aux céréales, thé noir de Ceylan, dans ce blanc cottage londonien du quartier de Southampton. Une petite marche matinale permet au corps de se remettre en route, et rien ne vaut, selon moi, été comme hiver, le cheminement solitaire le long de la côte sur le sentier des douaniers, quelque part entre Cherbourg et la Hague. J’adore déjeuner sur le pouce, d’un grand bol de salade fraîche, en terrasse à Paris, rue du Faubourg-Saint-Honoré, observer les passants affairés et les touristes japonais, le nez en l’air ou plongé dans leur guide, tout en sirotant mon expresso parisien. L’après-midi est travailleuse et je m’enferme dans mon bureau, au soixante-douzième étage du Chrysler building, à l’angle de la 42° rue et de la gare centrale. Je n’en sors que tard le soir, pour aller rejoindre quelques amis à l’heure de l’apéro, dans ce bar à ciel ouvert sur la plage de Sydney. Nous sirotons nos cocktails orangés face au soleil couchant sur le Pacifique, tout en nous racontant, embellies, nos journées respectives. Je rejoins ma chérie dans son appartement, un soir sur deux, à Stockholm, et ma belle et blonde Welma efface tous les soucis de cette longue et laborieuse journée de cadre affairé.
Isa Lebastard
Isa LebastardDe bon matin, je partirai pour Paris prendre mon petit-déjeuner sur un bateau-mouche et saluer Notre-Dame.
A midi, je m’envolerai pour Aix-en-Provence, où je déjeunerai aux « Deux garçons » avant de visiter le musée Granet. Juste après je partirai à la rencontre de Sandro Botticelli qui m’attendra aux Offices de Florence pour m’expliquer le secret de ses couleurs pastel.
Pour le tea-time, j’aurai rendez-vous au Tate Museum au milieu des maîtres anglais.
Et le soir, je filerai écouter un opéra de Puccini à l’Opéra de Sydney.
Heyliett
Heyliette