Question de point de vue, deuxième proposition
11 oct. 2019
Par carole lacheray - Question de point de vue, deuxième proposition - Lien permanent
Faire varier le narrateur pour écrire une même situation avec deux points de vue différents
Je vous propose d’écrire les pensées de chacun de ces deux personnages en vous inspirant de cette photo.
D’abord du point de vue de l‘homme, puis de celui de la femme.
Deux points de vue différents à l'exemple de cet extrait de texte racontant un même événement :
Il faisait frais, dans le bar, après l’étuve dont nous sortions, et je sentais ma chemise coller à ma peau en plaques froides. Elle aussi transpirait. Je pouvais suivre une goutte de sueur qui glissait de sa tempe le long de sa joue, puis sur son cou et là, d’un doigt, elle l’a effacée…Elle s’est aperçue que je ne faisais que la regarder, elle a ri, j’ai ri moi aussi. Elle m’a asséné aussitôt un coup de marteau. Elle m’a dit que j’avais l’air d’un imbécile à la regarder comme ça, que j’avais quand même le droit de parler. Je lui ai dit, à Elle, que je voudrais l’emmener dîner un soir dans ce restaurant et je lui aurais probablement, d’une seule traite, déballé tout le reste, si elle ne m’avait pas scié d’un autre coup, encore plus violent que le premier. Elle m’a coupé la parole pour me dire que ce n’était pas parce que je l’emmènerais dîner qu’elle coucherait avec moi, j’étais prévenu…
A Blumay, Mickey me demande de danser avec son frère, il veut faire une partie de boules avec GeorgesMassigne. Bon. Je danse avec son frère. C’est un grand type encore plus fort que Mickey. Il transpire de partout, il me dit qu’il a soif. Bon.On va boir au comptoir du café, sur la place, on reste une éternité pour que je comprenne bien ce qu’il a envie de me faire et quand je lui dis de pas se fatiguer, que j’ai déjà compris, il se vexe. Bon. Il me laisse devant le Bing-Band et il me dit qu’il doit partir. Bon.
Sébastien Japriso, l’été meurtrier
Commentaires
Je la regarde, je sais qu'elle sent mon regard, j'ai beau cherché, je ne vois rien de japonais en elle. Aïki est plus érotique,puis exaltante, mais elle c'est la femme que j'ai aimé, épousé... Que j'aime encore ? Pourquoi faut-il vivre un seul amour à la fois ? Je ne suis pas d'accord. il faudra que je lui dise quand elle en aura fini avec Noureev. Qu'est-ce qu'elle lui trouve d'ailleurs, à part de savoir danser ?
Pourquoi est-ce qu'Antoine n'a pas la grâce de Noureev ? Il sait tout juste bégayer et chantonner "Que reste-t-il de nos amoures ?" Oui d'ailleurs qu'est ce qu'il en reste de nos amoures après toutes ces maladresses ?
BrigitteEt pourtant ce cher Antoine, il continue à m'émouvoir et ses écarts me font mal.
Mais je vais le laisser mariner et continuer à rêver que je suis aux cotés de Noureev. Antoine, tu ne peux rien contre mon imagination et tu ne me verras pas en japonaise.
Elle : « Je sens qu’il me fixe intensément pendant que je lis. Je devine qu’il est en train de se demander ce que j’ai voulu dire quand je lui ai chuchoté tout à l’heure que bientôt il serait très heureux et que c’était une belle surprise. Je n’ai pas osé lui avouer qu’il allait être père. C’est beaucoup trop tôt et le connaissant, je pense que si je lui avais dit que j’étais enceinte, dès demain il aurait fait sa valise.
En attendant, je savoure ma lecture et le temps présent ».
Lui : « Je me demande ce qu’elle a bien pu vouloir dire quand elle m’a affirmé après le dîner que bientôt je serai heureux. Peut-être a-t-elle enfin décroché un job depuis le temps que je lui serine qu’avec mon seul salaire, on ne pourra pas bientôt plus s’en sortir ! ».
heyliettHeyliett
« Il faut toujours qu’elle lise ses trucs intellos le soir, ses machins soi-disant artistiques. Pas vraiment bandant. Moi, je préfère mes revues japonaises. Le Kama Sutra, oui, ça, ça m’inspire. La brouette japonaise, le petit lotus, le cygne impérial, tiens, en voilà des idées pour un soir, au pieu. Bon sang, elle va décoller les yeux de son bouquin ? Elle voit pas que je bande ? Et si je lui arrachais ses lunettes, elle réagirait ? »
« Ah ! L’art slave… tout ce que j’aime ! La danse russe, j’adore ! Ces corps, mon dieu, ces corps splendides. Et la symphonie de Prokofiev, et les grandes Pâques russes de Rachmaninov, quelle beauté, quel sommet de l’art ! Je suis sûre qu’il n’y comprend rien, l’autre obsédé à côté de moi. L’art, il s’en contrefout, il ne pense qu’à me sauter. S’il croit que je le sens pas peser sur moi, son regard plein de concupiscence. Il peut aller se faire foutre. Moi, ce dont j’ai besoin le soir, c’est de rêver. De danseurs, de musique et d’étoiles. Vivement qu’il me lâche la grappe que je puisse lire en paix ».
Isa Lebastard