Question de point de vue, troisième proposition
11 oct. 2019
Par carole lacheray - Question de point de vue, troisième proposition - Lien permanent
Narrateur interne ou narrateur externe ?
Dans un texte : qui raconte ?
Si le narrateur est omniscient, on pourra avoir accès aux pensées de tous les personnages, connaître leur passé et peut-être leur avenir.
Ex : Elle marchait dans la rue et pensait à son avenir. Elle avait un choix à faire, rapidement . Ce qu’elle ne savait pas, c’est que sa décision serait lourde de conséquences.
Si le point de vue est externe, on ne connaîtra que ce qui est visible, on n’aura pas accès à l’intériorité des personnages.
Ex : Elle marchait dans la rue et paraissait pensive. Elle semblait s’être coupée du monde, ignorant ceux qu’elle croisait.
Enfin, si le point de vue est interne, on découvrira l’histoire à travers les yeux d’un personnage spécifique qui raconte avec ses propres sentiments.
Ex : Je la suivais sans qu’elle ne se doute de ma présence. Je savais que la décision qu’elle prendrait aurait pour moi de sinistres conséquences.
Selon le narrateur que vous choisissez, lequel des six personnages de ce texte est responsable de la mort de cette femme : déterminez le ou les coupables, bâtissez en le contexte, dites pourquoi on en est arrivé là.
Vous écrirez à la première personne. Vous pouvez être, au choix : un narrateur externe ( un habitant du lieu, un juge) ou un narrateur interne ( un des personnages de ce récit)
Une jeune femme mariée, délaissée par son mari trop pris par son métier, se laisse séduire et va passer la nuit chez son amant dans une maison située de l’autre côté de la rivière. Pour rentrer chez elle, le lendemain au petit matin avant le retour de son mari qui rentre de voyage, elle doit traverser le pont.
Mais un fou lui interdit le passage. Elle court alors trouver un passeur qui lui demande le prix du passage. Elle n’a pas d’argent. Elle explique et supplie. Il refuse de travailler sans être payé d’avance.
Elle va alors trouver son amant et lui demande de l’argent. Il refuse sans explication.
Elle va trouver un ami célibataire qui habite du même côté et qui lui voue depuis toujours un amour idéal mais à qui elle n’a jamais cédé.
Elle lui raconte tout et lui demande de l’argent. Il refuse ; elle l’a déçu en se conduisant si mal
Elle décide alors de passer sur le pont après une dernière tentative vaine auprès du passeur. Le fou la tue.
Commentaires
Bon, vous croyez forcément que c'est moi le coupable, que tout est de ma faute. Mais bon, vous savez bien que le pont est dangereux, tout le monde le sait, depuis la nuit des temps....La dangerosité du pont, ça fait partie des incontournables, ça fait partie de la vie, depuis toujours, enfin depuis que le pont existe.
BrigitteMais voilà, les autorités ont décidé de renforcé les piles, de rénover le manteau, de consolider le parapet : résultat, le pont est devenu sûr. Impossible ! J'ai bien essayé de piocher, de scier, de cogner, limer. Mais je suis trop seul et je n'ai réussi qu'a égratigné ce trop magnifique ouvrage d'art.
Alors je me suis vu dans l'obligation de devenir gardien de la dangerosité du pont. Comment procéder ?
J'ai choisi de me mettre au milieu du pont et d'interdire tout accès. Certains ont obtempéré sans discuter, d'autres ont rouspété, mais aucun n'a insisté. Il y a juste un chien que j'ai du jeter dans l'eau.
Et puis il y a eu elle. Elle est arrivée tôt le matin et a commencé à discuter en m'expliquant son histoire de mari trompé, de convenances à préserver.
Quelle broutille face à ma mission !
Elle a rebroussé chemin puis est revenue affolée parlant du passeur qui veut des sous quelle n'a pas et que son amant ne veut pas lui donner, de son mari qui va arriver...
Comme si c'était mon problème !
Elle voulait absolument passer. C'était impossible puisque le pont est dangereux, donc je l'ai tuée. Ça n'a pas été compliqué, elle n'a pas résisté.
Pourquoi est-ce que les autorités ont réparé le pont ?
Incroyable, Etienne, ce que je lis dans le journal ce matin, Charlotte a été assassinée. On l’a retrouvée poignardée à côté du Petit Pont. Depuis le temps que je lui dis de quitter ce type mais elle l’avait dans la peau.
heyliettElle a un mari adorable qui se tue à la tâche pour lui faire une vie de rêves et tout ce qu’elle trouve pour le remercier, c’est de lui faire porter des cornes.
Maintenant elle est morte, mais elle ne l’a pas volé ; tout est de sa faute !
Tu n’es pas de mon avis, Etienne ?!
Mais je te trouve bien pâle d’un seul coup. Tu ne te sens pas bien ?!
Heyliett
« Cela faisait des années que je n’aimais plus Laure. Tous les moyens étaient bons pour la voir le moins possible : bosser comme un malade, partir tôt et rentrer tard, m’inventer des congrès bidons le week-end, des colloques au diable pendant l’été. Mais ça ne suffisait plus. Quelques maîtresses m’ont changé les idées et permis de tenir deux ou trois ans de plus. Je n’en pouvais plus, il fallait que je me débarrasse de cette chienne, amoureuse collante, que dis-je, gluante, poisseuse, répugnante. J’ai bien essayé de la jeter dans les bras de Cédric. Ce brave Cédric amoureux d’elle depuis quand ? Le primaire, la maternelle sans doute. Mais cet andouille a des principes. Moi, toucher une femme mariée ? Jamais ! À partir de là, il m’a fallu mouliner sérieusement pour que cette salope clamse et que moi, blanc comme neige, je puisse pleurer en public, toucher son assurance vie, l’héritage de ses parents et garder la baraque en prime. Ça m’a bien pris six mois de cogitation mais j’avoue être assez fier de moi. Payer un jeune escort pour passer la nuit avec elle a encore été le plus facile. Mille balles seulement, et le dénommé Federico, trouvé sur un site ad hoc, un brun ténébreux comme Laure les aime, sous prétexte de satisfaire une femme frustrée pour mieux la ramener dans son lit ensuite, n’a pas posé la moindre question. Biffetons à l’appui, le beau Federico n’a pas mis longtemps à se convaincre de la noblesse de ma démarche. De toute façon, il a dû en voir d’autres, des couples de détraqués. Ensuite, il a fallu dégotter Albert. Albert le dingue, le psychopathe sorti de prison pour bon comportement. Un violeur en série qui avait besoin de fric et dont l’agressivité se dirigeait vers tout ce qui porte jupette. Ça tombait bien, Laure a toujours été coquette et snobait le pantalon. C’est lui qui a remplacé le passeur sur le pont, lieu du crime. Je lui avait filé une enveloppe avec cinq mille balles, l’ordre d’éloigner le passeur, de se poster à sa place jusqu’au petit matin, une photo de Laure dans la poche. Tout a si bien marché. Même l’autre imbécile de Cédric, qui ne se remettra jamais de la perte de sa bien-aimée, n’y a vu que du feu et s’est efforcé de consoler le veuf éploré. Je n’y crois pas encore. Libre, je suis libre, et à moi la belle vie ! »
Isa Lebastard