Développez un des souvenirs que vous venez de lister en dialoguant avec l’enfant que vous étiez.

Comme dans cet extrait, utilisez le « tu » qui s’adresse à l’enfant, le « je » du narrateur adulte qui écrit la scène d’enfance et se positionne, commente, accompagne

Le chien, auprès de toi, marche. Ce chien, personne d’autre que toi ne le voit. Mais tu ne le sais pas. Je me rassure de sa présence auprès de toi. Il est fort et sent ce que tu ne vois pas. Tu peux poursuivre ta route. Ton vêtement de laine pend toujours d’un côté « tu boutonnes le lundi avec le mardi » dit ta grand-mère. Tu ne comprends pas bien ce que ça veut dire. C’est juste que les jours ne savent plus comment se suivre. Tu es un enfant qui penche. Le chien rétablit l’équilibre.

Le chien va devant, court dans les taillis, revient. Le chien vit avec chaque brin d’herbe. Puis il repasse rapidement sa grosse tête sous ta main. Tu souris.(…)

Le chien maintenant a disparu. Tu me regardes et dans tes yeux, je reconnais l’attente muette de l’enfant que j’étais. Ton regard, c’est celui qui m’a bouleversée une nuit. C’était dans un rêve. J’étais là, assise, seule, j’avais six ou sept ans et je me regardais, moi, la femme que je suis devenue. Une telle attente dans mon regard d’enfant que je me suis réveillée. Bouleversée. Et j’ai écrit. C’est le chien de mon enfance qui t’a guidé. C’est le souffle de mon enfance qui soulève ta poitrine. Nous sommes ensemble. »

L’enfant qui, de Jeanne Benameur