Bel ami, Guy de Maupassant

« Ils arrivaient au dernier salon, et en face d'eux s'ouvrait la serre, un large jardin d'hiver plein de grands arbres des pays chauds abritant des massifs de fleurs rares. En entrant sous cette verdure sombre où la lumière glissait comme une ondée d'argent, on respirait la fraîcheur tiède de la terre humide et un souffle lourd de parfums. C'était une étrange sensation douce, malsaine et charmante, de nature factice, énervante et molle. On marchait sur des tapis tout pareils à de la mousse entre deux épais massifs d'arbustes. Soudain Du Roy aperçut à sa gauche, sous un large dôme de palmiers, un vaste bassin de marbre blanc où l'on aurait pu se baigner et sur les bords duquel quatre grands cygnes en faïence de Delft laissaient tomber l'eau de leurs becs entrouverts.

    Le fond du bassin était sablé de poudre d'or et l'on voyait nager dedans quelques énormes poissons rouges, bizarres monstres chinois aux yeux saillants, aux écailles bordées de bleu, sortes de mandarins des ondes qui rappelaient, errants et suspendus ainsi sur ce fond d'or, les étranges broderies de là-bas. »

Maupassant nous fait entrer dans ce lieu en éveillant nos sens.

 L’utilisation d’adjectifs choisis dans le champ lexical de la sensualité ( chaud, tiède, humide, lourd de parfum , douce, malsaine, charmante…)  , d’objets chargés de symboles : cygnes, poissons, bassins…

Fermez les yeux, retrouvez le souvenir d’un lieu particulièrement émouvant pour vous (une pièce, un paysage….,)  et faites l’inventaire sensuel des éléments de ce décor….