Dixième défi
18 avr. 2020
Par carole lacheray - dixième défi - Lien permanent
Un peu de poésie...
Le début du dé-confinement pourrait être le 11 mai : le 11ème jour du 5ème mois…Croisons les doigts !
115, pourquoi pas ? Etrange, c’est le numéro du SAMU social : ironie, hasard ?
Allons, mettons un peu de poésie dans ce monde cruel…
Voici ma nouvelle proposition : ouvrez le livre que vous êtes en train de lire à la page 115. Repérez la dernière phrase de cette page, vous pouvez n’en choisir qu’une partie.
En tout cas, elle sera le dernier vers du poème que vous allez nous adresser, en prose, en rimes, en alexandrins, tout est permis !
Amusez-vous !
Commentaires
Indifférence
Le temps s’est arrêté. Tout s’est joué un quinze mars. Le dix-sept, pour être précis. Le temps s’est arrêté et les amants sont séparés. À jamais ? Non, peut-être pas, pense-t-elle. Un jour, ils se retrouveront. Un jour, oui. Quand ? Nul ne peut savoir : le temps se moque des hommes. Parfois il s’arrête, parfois il accélère, ou repart en arrière, ou s’immobilise. Elle le sent bien, ce jeu des éléments, seule face à l’océan. Dans sa chair elle le sent aussi, le désespoir des amants séparés. Et devant elle, sur l’horizon, la ronde du soleil, la course de la lune. Indifférents. Ses pleurs au balcon, chaque soir. Les couleurs changeantes de la grande Bleue, la plage blonde et déserte. Indifférentes.
Le temps est revenu. Vraiment. Ou pas tout à fait. Enfin, peut-être, elle ne sait plus. Tout sera autre désormais. Quelque chose a changé. En elle. Dans le monde, sans doute, c’est ce qu’on dit. Il est revenu lui aussi. L’amant. Il l’a prise dans ses bras. Sans un mot. Que lui dire, comment raconter ces journées et ces nuits sans lui. Comment combler l’absence. Ils vont sur la terrasse, face à la mer, qui a toujours été là. Pas un mot. Silence. Elle se tient près de lui, mais ses yeux sont perdus au loin, vers les derniers nuages flamboyants qui disparaissent, un à un, derrière l’horizon. Indifférents.
isabelle lebIsabelle Leb
phrase extraite du livre "marre de compter pour des prunes"
chantalSi tu savais comme j'ai rêvé de toi,
Tu m'as laissé tomber depuis deux mois
Je n'étais pas préparée à ce départ,
Tu m'as abandonnée comme sur un quai de gare !
Je n'imaginais pas à quel point tu étais précieuse
Et que notre séparation serait aussi douloureuse.
Je me suis adaptée à ton absence
J'ai même écouté le silence
J'ai pris le temps, j'ai changé mes habitudes
J'ai remis en question mes certitudes,
Mais rien, rien n'est comparable à toi
Et tout ce que tu apportes comme choix.
Toi, ma Liberté dont on m'a privé,
Aujourd'hui tu reviens à petits pas saccadés
Lentement, pas totalement pour te faire un peu plus apprécier.
Ce matin, ton souffle léger vient caresser ma joue, c'est pas banal !
Alors que je suis à moitié endormie devant mon bol de céréales.
Chantal
les gaufres bruxelloises
heyliettPour cesser de broyer du noir,
Il me vient une idée ce soir :
Déguster des gaufres bruxelloises.
Personne ne me cherchera des noises,
Ni avec moi en voudra découdre.
Alors tendez bien l’oreille,
Et récompensés vous serez.
« Chaudes vous les présenterez,
Avec du sucre en poudre,
De la gelée de groseilles,
Ou même encore de la crème ».
C’est comme ça que je les aime.
Heyliett
Dernier mot de la page 115 de « comment voyager avec un saumon » d’Umberto Eco : « d’abord »
Petite fable utopique…
Se croyant invincible,
maître de son destin,
l’homme fut dépité
quand survint l’indicible :
un ennemi mesquin
le mettant en danger,
terrassant les humains
sans aucune pitié.
Pour faire face au péril,
Il fut bien obligé
d’accepter sa défaite
et dut se réfugier
au fond de sa tanière.
Il dut se contenter
d’une vie plus austère ;
en laissant à la terre
un repos mérité,
cessant de faire la guerre
et de tout saccager.
Les hommes sont ainsi faits
qu’il leur faut des tourments
pour se mettre à penser
et à évoluer.
Consommer, polluer,
arriver le premier
n’avaient finalement
que très peu d’intérêt,
il faudrait désormais
ne plus jamais se croire
l’espèce supérieure
…d’abord….
Carole
caroleElle regarde attentivement,
brigitteElle ne renonce nullement,
Elle croit encore y parvenir
Elle veut en faire un souvenir
Alors, elle persévère
En cette fin d'hiver
Elle regarde attentivement
Elle aura ce plaisir
De rompre leur avenir
Elle rampe, silencieuse
Elle glisse tendue
Elle court joyeuse
Elle s'arrête suspendue
Un froissement imprévu
Un envol c'est perdu.
Encore une fois,
Les moineaux ont la vie sauve
Elle retourne à son alcôve
L'humain l'appelle.
Tu chasses ma belle ?
Tu as tes croquettes
Ne sois pas inquiète
Demain je cueillerai un bouquet de violettes
Brigitte
D'après "le temps est assassin" de M. Bussi
Le temps pour moi est un chemin
LucetteOù je promène ma vie
D’hier jusqu’à demain, cigale ou bien fourmi.
Le temps est assassin,
Il efface trop de choses dans mon cerveau,
Mais il garde des moments précieux et sereins.
Navigue toujours sur les flots
Mon bateau ivre de vie et de vent.
Le temps est trop beau
Pour le gâcher par des « pourtant ».
Sur mon chemin à moi,
Il y a eu des bosses et des pourquoi,
Des maladies et des soucis.
Mais, depuis 60 ans,
À deux nous sommes ravis.
Le temps est assassin
Et dans le confinement, il fait son malin,
Il passe plus lentement
Et nous prive du vent.
Mais:
« le jeu des serviettes sur la plage, c’est comme celui des places en classe; jouer des coudes pour se retrouver assis à la bonne table, à côté de la bonne personne. »
Lucette
En bas de la page 115 de mon livre du moment, « Le petit voisin » de Jérôme Tonnerre
mitsou(Réédition Folio – 2001), la dernière phrase dit :
« Je perçus au titre de figurant mon premier salaire sur
un film ; la fiche de paie est datée du 6 Août 1975. »
6 Août 1975, le 6
ème jour du 8ème mois = 68.
Ce qui ne fait pas 115.
6 + 8 = 14.
Ce qui ne fait pas 11.
6 + 8 + 75 = 89 / et 8 + 9 = 17.
Ce qui ne fait pas 15.
6 + 8 + 1975 = 1989 / 1 + 9 + 8 + 9 = 27.
On n’y est toujours pas.
Essayons autre chose :
La phrase suivante, page 116, détaille :
« Salaire brut : 60. Salaire net : 56,77 + prime de transport (0,23). Net à payer : 57 F. ».
On est loin de 115 !
Et 5 + 7 = 12.
Ce n’est pas 11.
Isabelle, au secours !
Je peux bien tourner le problème dans tous les sens, essayer différentes combinaisons, « Ca
marche pas ! Des fois ça marche, des fois ça marche pas… », comme le disait ce brave
Garcimore.
De toute façon, par les temps qui courent, les cachets de figurant, de scénariste, de
comédien ou de régisseur, ça se fait rare !
Pourtant, 115 – je veux dire 115 Euros (nous sommes en 2020, maintenant) -, j’aurais bien
aimé : mieux que rien.
Sans compter que, même modeste, un cachet alimenterait le calcul de mes droits à
indemnisation d’intermittent du spectacle…Mais là, rien !
Les tournages, les spectacles, bien malin qui peut dire aujourd’hui quand ils pourront
reprendre sans mettre en danger la santé des uns et des autres.
Je compatis, notez bien.
Et me voici, impuissant, en passe de rejoindre les espèces menacées de disparition :
ça va bientôt être ma fête !
Mon loyer, mon compteur électrique, mon chauffe-eau, eux vont bien, merci. Pas de crise, pas
de virus identifié, les télé-relevés à distance, il n’y a pas de raison qu’ils ne puissent se faire,
les agents chargés de superviser les ordinateurs à faire les factures sont en télétravail, et la
distribution du courrier numérique ne semble pas prendre de retard, les échéances tombent…
Bon…si jamais ma logeuse ne veut rien entendre, si jamais le 30 du mois elle me claque la porte
au nez, le 11 je ferai le 115 :
En échange d’un matelas et d’une gamelle de soupe, je veux bien donner un coup de main,
contribuer à distraire les humains en perdition, aller faire entendre ma voix ailleurs.
Je reviendrai quand le monde ira mieux !
Mitsou
Parfums discrets parfums ravageurs
Recherches faites avec labeur
De nouvelles fragrances nous sont proposées
Pour permettre aux yeux de se poser.
La rose charnue odorante
Inspire le pinceau en offrande
La touche délicate se pose sur le corsage
Le modèle sage admire l’ouvrage.
La midinette discrète
Habille sa voilette légère
D’un tendre bouquet de violettes
Et se protège de son ombrelle.
Des gradins ensoleillés
L’andalouse émerveillée
Offre le nectar d’un magnolia
Au héros de la Faena.
Jardins intimes des cures
Vous cachez en vos murs clos
La blanche corolle du calice éclos
Le lys dans son élégance pure.
Carmen
carmenIN VINO VERITAS
Nous sommes en deux mille vingt
Et quand il est tiré
il faut le boire, le vin,
et le déconfiner !
Surtout le beaujolais,
comme le julienas,
gloire du Mâconnais
tout comme le chenas …
Oui fêtons le gamay,
et le virus noyons
à grands coups de morgon !
Et toi, côtes de brouilly
en bouteille jolie,
qu'ils sont doux tes glouglous
et comme ils ont bon goût …
Ha, bouteille ma belle,
chassez le naturel
il revient au goulot
comme disait Monnereau !
Et puis le chardonnay ?
Du haut de Solutré,
un de nos présidents
y venait tous les ans
voir si la rime en and
était bien Saint-Vérand !
PS : « l'appellation appartient aussi aux villages voisins de Saint-Vérand » c'est la dernière ligne de la page 115 du « Dictionnaire amoureux du vin » de Bernard Pivot -ed. PLON-
Bernard
Bernard