Des livres pour garder le moral
31 oct. 2020
Par carole lacheray - des livres pour garder le moral - Lien permanent
Voilà, une fois de plus nous voilà contraints de rester chez nous pour le bien de tous.
Inutile de vous dire que les ateliers d’écriture n’auront pas lieu tout le temps de ce nouveau confinement.
Qu’importe, je ne baisse pas les bras, et comme pour le premier, je vais, à distance, faire régulièrement des propositions d’écriture à celles et ceux qui auront envie de participer.
Le plaisir d’écrire et de lire les textes produits à partir d’une même proposition peut être un des remèdes à la sinistrose ambiante. La correspondance entretenue entre nous à l’occasion de ces échanges de textes, peut contribuer à adoucir notre isolement.
La lecture d’un bon livre est aussi un excellent antidote au cafard. Il est des livres dont la lecture vous donne le sourire et la pêche , ceux qu’on lit d’une traite, qui vous tiennent en haleine jusqu’au bout et même après, qui vous font réfléchir tout en vous distrayant ! Qui vous aident à prendre de la distance avec des éléments tragiques de la vie.
Les librairies sont malheureusement fermées et j’ignore si on pourra retirer des livres à la bibliothèque . Alors imaginons…
Voici le début d’un de ces livres que j’ai lu dernièrement :
« La lettre qui devait tout changer arriva un mardi. C'était une matinée de la mi-avril comme les autres, qui sentait le linge fraîchement lavé et l'herbe coupée. Rasé de près, en chemise et cravate impeccables, Harold Fry était installé à la table du petit déjeuner devant une tartine de pain grillé à laquelle il ne touchait pas. Par la fenêtre de la cuisine, il contemplait la pelouse bien entretenue, transpercée en son milieu par le séchoir télescopique de Maureen et limitée sur les trois côtés par la palissade du voisin.
Voici donc ma proposition d’écriture :
Vous êtes romancier(ère). Vous avez écrit un recueil de nouvelles « positives » dont je viens de vous parler. Dans un premier temps, je vous propose de nous offrir le début d'une de ces nouvelles. Votre texte ne doit pas être trop long et simplement suggérer le récit qui suivra. Chacun de nous pourra, dans un second temps, s'emparer d'un de ces débuts et imaginer l’histoire qu’il pourrait nous raconter…mais ça, c'est pour la prochaine fois....
Proposez le début de votre nouvelle en commentaire de cet article.
Commentaires
Il franchit la porte et escalade l'escalier en colimaçon, Il arrive tout en haut, jette un regard fatigué à la mer qui miroite dans une brume de chaleur. Il est essoufflé, éreinté désespéré. Il se jette sur le vieux matelas qui occupe le côté gauche de la pièce. Il pleure, il a envie que tout s'arrête. Il sombre dans une somnolence assez douce.
BrigitteInsidieusement, une musique insistante arrive jusqu'à son cerveau. Il pense rêver, ouvre les yeux. La musique se fait plus présente. Il s'assied et écoute attentivement. Il entend bien un violon. Il entend bien une musique à la fois triste, joyeuse, terriblement encourageante. Des larmes lui montent aux yeux. Alors qu'il se lève se demandant s'il est fou, ou mort, entre une jeune fille ; c'est elle qui joue du violon ! Elle le regarde, lui sourit. Elle ne semble même pas surprise, lui est ébahi.
Vous aimez ? Je joue pour vous. Je vous ai vu dans le port, je vous ai suivi. Votre détresse m'a touchée.
Il ose saisir la main qu'elle lui tend, ensemble ils regardent le paysage. La mer leur adresse un clin d’œil lumineux. Les vagues chantonnent une berceuse. Brusquement il se sent apaisé. Sa compagne l'observe tout en recommençant à jouer. Un air entraînant, et sans même s'en rendre compte il commence à chanter, heureux.
- Zut, Zen ai marre, ze zuis za bout !
Brigitte- Cha chuffit, cha va pas chi mal que cha, et puis cha chuis fatigué et ton accent
- Ze que ze zuis très trize dans ma tête.
- Chagarde le chaud leil chabrille, les choiseaux chantent !
- Ze Zais, mais ze peux pas zortir, ze zuis confinée. Aide moi.
- Chavons dancher chous le chaud leil et auchi chousl es nuaches. Viens on va chamuser et chouer à cache cache.
- Ze puis on razontera et les zotres zeront zontents !
Texte de Claudine :
Tanquillement installée dans un mon fauteuil un livre à portée de main, la tête dans les nuages, sous l'arbre centenaire de mon jardin je rêvasse.
claudineQu'est ce songe qui me hante nuit et jour ? Il me semble réel venant d'un temps ancien, une histoire qui me serait arrivée et qui est restée dans mon subconscient !
Texte de Lucette :
Pour ce week-end prolongé de Novembre, nous avons loué une « cabin » ( prononcer kébine ) en West-Virginia. Au bout d’un sentier improbable, au milieu d’une forêt d’automne parée d’une palette de couleurs qui va du jaune d’or au rouge vif, se niche une petite maisonnette de bois. Malgré son côté rustique, elle est bien aménagée avec tout le confort moderne. Dés que je passe la porte, je me dis: « C’est la maison des 3 ours. »
Nous visitons notre « cabane au fond des bois »: petite cuisine aménagée, salon confortable avec grande cheminée, et à l’étage 3 chambres meublées de grands lits rustiques de bois blanc recouverts de gros édredons de patchwork multicolore, « la maison des 3 ours » je vous dis.
Nous nous installons puis, le soir venu, lovés dans les gros fauteuils confortables, nous regardons le feu crépiter joyeusement dans la cheminée. Tranquillité assurée pour le week-end, pas de télévision, pas de réseau, seule la nature nous est offerte.
Tout à coup, on frappe à la porte....
lucetteTexte de Carole :
carole« - Mademoiselle, laissez moi vous aider, je me permets de vous conseiller ce livre ci. Tous les ingrédients pour captiver une charmante jeune fille de votre âge y sont réunis : amour, aventure, voyage, un brin d’exotisme et un zeste d‘érotisme ! »
Sidérée, j’écoute le libraire me déverser tous les stéréotypes à la con sur les désirs des jeunes filles. Son ton libidineux me dégoûte.
- Vous n’y êtes pas du tout, je cherche une histoire du féminisme. Vous avez ça ?
Le type est vexé, son sourire disparaît :
- Oui, sûrement, regardez là bas dans le rayon « politique ».
Et il s’éloigne, dépité par ma quête totalement improvisée.
J’avance le long de la table centrale où sont exposés les livres récents. Un titre accroche mon regard. Intriguée, Je saisis le roman et je lis la quatrième de couverture. Comment est ce possible ?...
Carole
Texte d'Heyliett
À peine ai-je raccroché que le téléphone sonne à nouveau. Quelle recommandation ma mère a-t-elle oublié de me communiquer avant que j'aille la rejoindre dans son Forez profond ?
heyliettLa voix à peine audible est toute autre. Cet appel, je l'attends depuis des lustres, je ne l’espérais plus. Partagée entre l'envie de raccrocher et celle de hurler de joie, je balbutie un timide : « allô , c'est toi ? » que je voudrais assuré et distant alors que mes jambes ne me portent plus.
Aujourd'hui j'ai 74 ans.....une claque....je n'ai pas vu les années s'ecouler....Assise dans mon fauteuil, et dans ma tête les souvenirs se bousculent.....je regarde autour de moi mon petit logement que j'ai acquis il y a un an après l'arrêt de mon activité ...oui....j'ai travaillé si tard....mais je me sens bien....quelquefois je n'y crois pas d'être si " vieille " LOL....comme disent les jeunes...je souris....et je me souviens de ce jour...
josefaPour ce week-end prolongé de Novembre, nous avons loué une « cabin » ( prononcer kébine ) en West-Virginia. Au bout d’un sentier improbable, au milieu d’une forêt d’automne parée d’une palette de couleurs qui va du jaune d’or au rouge vif, se niche une petite maisonnette de bois. Malgré son côté rustique, elle est bien aménagée avec tout le confort moderne. Dés que je passe la porte, je me dis: « C’est la maison des 3 ours. »
Nous visitons notre « cabane au fond des bois »: petite cuisine aménagée, salon confortable avec grande cheminée, et à l’étage 3 chambres meublées de grands lits rustiques de bois blanc recouverts de gros édredons de patchwork multicolore, « la maison des 3 ours » je vous dis.
Nous nous installons puis, le soir venu, lovés dans les gros fauteuils confortables, nous regardons le feu crépiter joyeusement dans la cheminée. Tranquillité assurée pour le week-end, pas de télévision, pas de réseau, seule la nature nous est offerte.
Tout à coup, on frappe à la porte....
Nous nous regardons, intrigués, inquiets, incrédules. On frappe à nouveau, je me décide à quitter le confort du fauteuil pour aller ouvrir. Je vois un homme, beau, fatigué. Je lui lance un regard interrogateur, il me sourit et murmure, « please, please ». Je le laisse entrer et je me demande où l'ai déjà vu, car je l'ai déjà vu ; aussi improbable que cela soit, je suis certaine je l'ai déjà vu.
BrigitteTout le monde le regarde et il continue à murmurer, « please, please » avant de se laisser tomber lourdement dans mon fauteuil.
Je lui demande ce qui lui arrive, je parle en français, il semble comprendre et je comprends tout a fait sa réponse en anglais.
« Je m'appelle Sean, je viens de sortir d'un film et je suis perdu. J'ai faim, j'ai froid, j'ai peur. »
Ça y est, c'est un acteur, mais pas Sean Connery, alors, Sean, Sean ?
Ma fille me regarde, hausse les épaules et donne la réponse Sean Penn bien sûr.
Il acquiesce de la tête et explique que c'est un vrai cauchemar, il n'arrête pas de revivre « into the wild » dans de nouveaux lieux.
Je me lève et à mon grand étonnement, je lui donne une gifle. Il me regarde, me sourit, remercie et s'endort.