Pas comme d'habitude
20 déc. 2020
Par carole lacheray - Pas comme d'habitude... - Lien permanent
" La première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude" a écrit La Boétie, voyons ce que vous inspire cette réflexion…
peut être allez-vous fêter Noël en famille, peut être pas. Pour certain(e)s, ce sera un déchirement de ne pas retrouver tous les membres de sa famille et pour d’autres un soulagement : enfin une bonne excuse pour ne pas inviter Tatie Danièle.
Quant au réveillon du premier de l’an, il sera probablement bien différent des années précédentes.
En tout cas l’occasion nous est peut être donnée cette année de rompre avec nos habitudes, de prendre la liberté d’imaginer d’autres façons de se faire plaisir.
Je vous propose donc :
- Dans un premier temps de faire mentalement la liste d’habitudes possibles ( pas seulement les vôtres) en toutes circonstances : habitudes sociales, familiales, de vie quotidienne, alimentaires...toutes celles qui peuvent rythmer la vie d’un personnage que vous allez imaginer. Gardez cette liste pour vous et choisissez une seule de ces habitudes.
- Dans un second temps, lancez vous dans l’écriture d’un court texte rédigé à la première personne ( je). Imaginez une situation extraordinaire qui va bousculer l’habitude ( que vous avez choisie ) de votre personnage . Le personnage est perturbé, il l’exprime, c’est cela qui nous intéresse, sa pensée.
Votre texte commencera par la présentation du personnage, suggérée plutôt que décrite ( donnez nous des indices qui nous pemettront de deviner à qui nous avons affaire), quelle est l'habitude qui sera remise en question, ce qu’elle implique, pourquoi elle est bousculée et se terminera par une décision inattendue…
Amusez-vous, surprenez-nous !
Commentaires
Zut de zut, voilà, mon équilibre fortement compromis. J'habite un minuscule appartement au 7ème étage d'un immeuble haussmannien. Pour l'atteindre, il faut emprunter l'escalier de côté, pas le grand majestueux en pierre, non, le petit, étroit, en chêne qui pourrait dégager une bonne odeur de cire, si on pensait à l'entretenir.
BrigitteTous les matins, j'ouvre grand la fenêtre et admire la vue des toits parisiens. Je ne m'en lasse pas, et savoure la chance que j'ai. Je suis jeune, monter les sept étages ne me pèse pas, j'habite une belle ville, en poussant les meubles je peux même faire quelques étirements et mouvements d'entretien sans craindre les voyeurs sarcastiques ou malveillants.
Et j'écoute le bourdonnement de la ville qui s'éveille et fourmille. Quel bonheur !
Je me sens bien dans cette niche haut perchée, sans vis à vis, autre que les nuages et les oiseaux, et le toit d'en face.
Les toits de Paris sont un camaïeu de gris, aux lumières chatoyantes, toujours en accord avec le ciel qu'il soit couvert ou ensoleillé.
Or voilà que des ouvriers s'affairent sur le toit de l'immeuble d'en face, celui qui est devenu mon ami. Oui, j'ai pris l'habitude de lui parler, de lui confier mes secrets, mes peines, mes espoirs, mes joies. Je ne suis pas fou, pourtant je suis sûr qu'il écoute et même me répond et me conseille.
Quand j'ai eu la possibilité de changer de boutique (je travaille dans un commerce de luxe) il m'a envoyé un éclat de soleil, comme un clin d’œil. Quand j'effectue ma gymnastique quotidienne, parfois il me félicite, d'autres, il fait grise mine. Mais il réagit toujours avec un sourire ou une moue. Et son regard m'est devenu indispensable.
Sauf que la présence des ouvriers a rompu notre entente, je n'ose plus parler à mon toit chéri, et lui est devenu étrangement immobile. Peut-être boude-t-il ? Où rénové, il a la grosse tête et me snobe ? Je suis inquiet et perturbé. Les ouvriers sont partis, et le lien ne se rétablit pas.
Car ce toit c'est mon meilleur ami. Je lui racontais aussi mes amoures, mes doutes sur les sentiments que j'éveille chez ma si belle collègue, un peu moqueuse, il me conseillait et me poussait à lui dévoiler mes sentiments. Je suis solitaire, un peu par choix, beaucoup par manque d'occasion. Dans mon métier, je dois rester poli, courtois, mais aussi distant et respectueux. Mes horaires m'empêchent d'avoir une vie sociale nourrie. Donc depuis longtemps déjà, le toit d'en face et moi nourrissons un échange aussi riche qu'étonnant. Car lui aussi me raconte sa vie, ses espoirs, ses déceptions. Il n'est pas toujours facile d'être un toit, se faire mouiller, chauffer à blanc sous le soleil, servir de toilettes aux pigeons, de cadre photos, de reflets à la lune. Je croyais faire partie de sa vie. J'essaie de continuer nos petites habitudes, mais je sens que quelque chose est brisé, sans son regard amical, l'envie de faire un peu de gymnastique me fuit, le paysage que m'offrent les toits manque d'attrait. Je me sens ravagé, aller travailler me pèse, converser avec ma collègue me stresse, et manger seul face à moi même me déprime. Toutes ces habitudes qui rendaient ma vie agréable sont bouleversées. Mes certitudes sont ébranlées, et je me retrouve seul, terriblement seul, sans appui ni complicité.
Je me souviens de ces matins où j'avais l'habitude de prendre mon petit déjeuner devant la fenêtre qui donnait sur le jardin de ma maison, il y avait un grand laurier sauce où les oiseaux venaient se ravitailler aux boules et graines que j'y avais accrochè. Je les regardais piailler et se quereller entre eux....c'etait un plaisir....! Il m'est arrivé d'oublier de tremper mes tartines dans mon cafè.....je m'en apercevais que quand j'avais finit de le boire, et je souriais...c'etait le bon temps.
josefaAujourd'hui je vis en appartement , plus d'arbres plus d'oiseaux devant mes fenêtres, chaque jour je m'empresse dès que je peux de partir en promenade pour les contempler...changement d'habitude, je regrette ces moments où ils étaient dans mon jardin.....!