...puisqu’il s’agit d’évoquer l’un de ces petits plaisirs coupables qui nous  font tant de bien,  de ceux qu’on devrait se garder normalement d’avouer par peur du ridicule, mais qui égaient notre journée.

Comme…chanter à tue-tête une chanson de Joe Dassin, se régaler secrètement d’une énorme religieuse au café, regarder le film Pretty woman pour la cinquième fois en se disant que « c’est très con mais qu’est-ce que ça fait du bien », se faire des grimaces dans le miroir…

Et pour mieux partager ce moment délectable, vous le décrirez en nous faisant part de toutes vos sensations et émotions, et en utilisant le « on » qui permettra à vos lecteurs de s’identifier, à la manière de Delerm dans cet extrait :

On se retrouve dans la rue. On le sent bien : la marche du retour ne sera pas la même.

Le trottoir est moins libre, un peu embourgeoisé par cette baguette coincée sous un coude, par ce paquet de croissants tenu de l’autre main. Mais on prend un croissant dans le sac. La pâte noire est tiède, presque molle. Cette petite gourmandise dans le froid, tout en marchant : c’est comme si le matin d’hiver se faisait croissant de l’intérieur, comme si l’on devenait soi-même four, maison, refuge. On avance plus doucement, tout imprégné de blond pour traverser le bleu, le gris, le rose qui s’éteint. Le jour commence, et le meilleur est déjà pris.

Philippe Delerm, La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.