Petits plaisirs coupables
20 janv. 2021
Par carole lacheray - Petits plaisirs coupables - Lien permanent
voici une proposition d’écriture qui je l’espère réveillera l’épicurien(ne) qui sommeille en vous...
...puisqu’il s’agit d’évoquer l’un de ces petits plaisirs coupables qui nous font tant de bien, de ceux qu’on devrait se garder normalement d’avouer par peur du ridicule, mais qui égaient notre journée.
Comme…chanter à tue-tête une chanson de Joe Dassin, se régaler secrètement d’une énorme religieuse au café, regarder le film Pretty woman pour la cinquième fois en se disant que « c’est très con mais qu’est-ce que ça fait du bien », se faire des grimaces dans le miroir…
Et pour mieux partager ce moment délectable, vous le décrirez en nous faisant part de toutes vos sensations et émotions, et en utilisant le « on » qui permettra à vos lecteurs de s’identifier, à la manière de Delerm dans cet extrait :
On se retrouve dans la rue. On le sent bien : la marche du retour ne sera pas la même.
Le trottoir est moins libre, un peu embourgeoisé par cette baguette coincée sous un coude, par ce paquet de croissants tenu de l’autre main. Mais on prend un croissant dans le sac. La pâte noire est tiède, presque molle. Cette petite gourmandise dans le froid, tout en marchant : c’est comme si le matin d’hiver se faisait croissant de l’intérieur, comme si l’on devenait soi-même four, maison, refuge. On avance plus doucement, tout imprégné de blond pour traverser le bleu, le gris, le rose qui s’éteint. Le jour commence, et le meilleur est déjà pris.
Philippe Delerm, La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.
Commentaires
Bien calé dans un bon fauteuil on profite d’une bonne ( ou pas) soirée télé .
lucetteTout à coup une peu de salive dans la bouche, déclenche un mystérieux phénomène. Rien à voir avec le programme diffusé sur l’écran, mais une envie mystérieuse s’installe dans le cerveau. On se lève, et sans tarder on va chercher le trésor caché dans la cave à vin. Ne riez pas, c’est une température idéal pour lui. Le tiroir de la cuisine est trop chaud et lui ferait perdre son délicieux croquant.
Alors, ayant réintégré notre fauteuil, on découpe religieusement 2 carrés...2 carrés c’est bien...après c’est de la vulgaire gourmandise et surtout cela peut devenir « tout ».
Les yeux a demi- fermés, d’un petit coup sec, on croque un petit bout qu’on laisse doucement fondre sur sa langue. C’est doux, onctueux, un peu sucré avec une légère amertume et un parfum délicieux. Puis le liquide pénètre notre corps et l’enivre.
Doucement, en faisant durer le plaisir, on déguste les 2 carrés.
A la fin de la soirée, on remet le trésor dans la cave à vin et on s’empresse de noter dans la liste de courses « CHOCOLAT ». On ne supporterait pas le manque.
C’est ça la dépendance?
Sale manie
Ca fait un petit moment, maintenant,
C est une sorte de rituel,
Comme un.rendez-vous obligatoire,
Ca me fait un but
Quand le matin chagrin rapproche les murs, et m agace
Je suis du signe du verseau
C est mon année
Qu'ils disent...
Ah ok cool , bon ben ca va aller alors..
Je chope mon manteau aspiree par le dehors
Sortir marcher ne plus penser
Voir courir ?
L 'enseigne clignote , bien
J attends dehors mon tour
Avec un mélange d'excitation décevante et de culpabilité
Je pousse la porte,
Bonjour , je me force à sourire,
Je veux bien un.ticket a gratter verseau svp
Aie aie aie
Chez moi planquée , comme une affamée, et selon mon.humeur,
Armée d une piecete,
Je gratte frénétiquement ou en prenant mon temps invocant secrètement, les dieux du jeu , s ils existent..
Alors , quand je voit apparaitre les qualités , je suis d accord, pis si je gagne
C est a dire deux qualités identiques ou deux fois le symbole de verseau, ca me.rassure
Ca va , bon, c est pas grand chose hein
Juste une vérification de ma chance supposée
C est pas pathétique, c est un tic
Un énervement, ca dur quelques secondes
Suffisamment, pour que j.y prenne un certain plaisir
Coupable.
Isabelle LeconteDroguée ! Je suis une véritable droguée !!! une droguée aux sucreries : bonbons, chocolat et même des pierres de sucre quand je n'ai rien d'autre.
- Tu sais que ce n'est pas bon pour toi (ma conscience est toujours là quand il ne le faut pas)
- Oui je sais, mais juste un petit bonbon, seulement un ! Promis après j'arrête …
Cinq minutes plus tard alors que le bonbon est à peine avalé …
- Zut déjà fini, je n'ai pas eu le temps de le déguster … allez encore un petit mais cette fois c'est sûr c'est le dernier.
Oh lala cette porte de placard qui renferme mon trésor elle me nargue, j'ai l'impression qu'elle m'appelle, elle clignote : "le paquet de bonbons est là il t'attend"
Et je recommence sans cesse jusqu'à la fin du paquet malgré les alertes de ma conscience qui me harcèlent !!!
Plus de bonbons je suis en manque, obsédée par ce goût de sucre …
Quoi ! Mais cette autre porte de placard qui me fait signe, bien sûr pas de bonbons mais le kilo de sucre me tend les bras ! Non plutôt la main ! Je ne puis résister bien longtemps, conscience ou pas ma main ne se pose pas de question et s'engouffre délicieusement dans le kilo de sucre et se sert copieusement …
Il n'y aura donc jamais de fin ! Enfin jusqu'à ce que mon coeur se soulève !!!
Pourquoi ont-ils inventé les sucreries ?
Je suis une droguée, une droguée aux sucreries !!!
ClaudineDepuis que je suis devenue une femme je subis les régimes YOYO, un verre d'eau me fait grossir...(j'exagère) je ne compte plus les fois où je perdais 8,10,12kgs en me privant affreusement, il m'est arrivé d'avaler des dragées FUCA qui me rendaient malade comme un chien. À chaque accouchement une volonté de perdre du poids m'etait obligatoire, combien d'entre nous vivent ces cauchemars? On se prive de tout ce qui ai goûteux, on passe devant les charcuteries, les boulangeries..etc...en salivant et on tient bon....jusqu'au jour où aprés une journée de travail laborieuse où on court pour récupérer les enfants à l'école où le moral est dans les chaussettes on rentre dans la première boulangerie venue pour acheter un pudding et on se goinfre en marchant au risque de s'ettoufer.....avec une immense culpabilité ....Que d'efforts pour en arriver là ! Avec l'âge j'ai appris à mieux m'alimenter mais je continue à craquer de temps en temps quand même, on n'a qu'une vie...qui n'est pas très drôle en ce moment, une impression de solitude nous envahit à cause de ce virus...Après tout on a que le bon temps que l'on se donne, après nous la fin du monde, j'en passe et des meilleures...
JosefaAlors, comme cela, on brave l'autorité ? On se promène subrepticement à des heures interdites ?
Avec les confinements et couvre-feu, on a découvert une excitation joyeuse ? Pourtant, on était bien respectueux des ordres, bon petit cheval docile, alors que s'est-il passé ?
Tu le sais bien, inutile de me poser la question, tu es interviewer et interviewé !
Je ne fais de mal à personne, je ne mets personne en danger.
Je marche seul dans les rues désertes, en choisissant selon les nuits, les plus petites, les plus sinueuses, les abruptes.
Je marche, en m'inventant des histoires policières, en admirant les ombres parfois effrayantes !
Je marche, en chantonnant des airs d'opéras, ou de rock. Parfois je pousse la hardiesse à carrément chanter fort, guettant la réaction des fenêtres endormies.
Je marche, l'oreille aux aguets, cherchant un scénario loufoquement plausible à raconter à la police.
Et qu'est-ce qu'on gagne à tout ce jeu ? Ton porte-monnaie risque d'y laisser des plumes et ta respectabilité aussi ! Et tes bouquins qui t'attendent pendant ces sorties. Vraiment tu m'agaces !
Tu le sais bien ce que j'y gagne ! Un peu de gaîté, un peu d’exercice, une montée d'adrénaline. C'est vrai que je deviens accro à ces sorties interdites. Peut-être que je serai désemparé quand le couvre-feu s'arrêtera. Il faudra que je trouve comment braver un autre interdit !
brigitteOn n’avance pas. Bloquée dans cet embouteillage depuis dix minutes, on s’en veut d’avoir pris la route à cette heure là. C’était prévisible. On regarde à droite, à gauche, et ce sont toujours les mêmes visages, le regard figé et inexpressif sur le pare brise. On se met à imaginer qui peuvent être inconnus, ce qu’ils font là dans leur voiture, où ils vont. Les idées les plus farfelues affluent, il faut bien s’occuper. Mais le jeu n’amuse plus au bout de vingt minutes. Alors, comme on se sent très seule, on allume la radio et on cherche la station qui permettra de vous évader un peu de cette galère. On finit par tomber par Claude François s’époumonant à chanter Alexandrie, Alexandra. On se dit que ce n’est décidément pas notre journée mais on se surprend quand même à chantonner l’affreux refrain, histoire de se détendre. Puis on se dit qu’on a rien à perdre à s’époumoner avec le défunt chanteur, et on chante de plus en plus fort, en tapant la cadence sur le volant. Alors l’immobilité pesant, on commence à bouger les bras, la tête, en braillant les paroles. On s’imagine sur scène, la foule en délire accompagnant vos vociférations. Mais soudain votre regard s’arrête sur le visage du conducteur à votre gauche, un blond rougeaud. Celui qui avance au même rythme que vous depuis vingt minutes. Celui que vous imaginiez tout à l’heure rejoindre sa cabane perchée dans un arbre parce qu’il a un peu une tête de singe . Il vous fixe en rigolant, et en tendant un pouce approbateur. On réalise qu’il assistait au spectacle délirant qu’on offrait à la vue de tous et on blémit, honteuse. Mais comme il faut bien se donner une contenance, on baisse la vitre et on crie : « faut bien prendre son mal en patience ! ». On referme la vitre, on se dit qu’on aurait pu trouver plus subtil mais on rigole intérieurement et on éteint la radio. On continue quand même de fredonner entre ses dents, sans rien laisser paraître…et on sait qu’on recommencera ce délire à la première occasion. Ça soulage tellement !
CaroleOn s’était dit : confinement ? C’est l’occasion où jamais !
mitsouOn s’était dit : tris, rangements, enfin on va avoir le temps !
Et les jours ont passé, les semaines, les mois, dé-confinement, vacances, couvre-feu, re-
confinement, re-déconfinement, re-couvre-feu, ou le contraire, on ne savait plus, on n’avait
toujours pas trié, pas rangé.
Et puis un « beau » jour, comme ça, sans plus de raison, on l’a vue à nouveau :
elle était là, dans son coin, bien calée, au même endroit depuis des lustres, la petite valise du
temps lointain des bourlingues à l’autre bout du monde, la petite valise devenue boîte pour des
papiers, des lettres reçues, des choses écrites à la main et qu’on avait voulu à tout prix
conserver.
Il y avait un peu de poussière, on a soufflé, on a passé un coup d’éponge humide – c’était
mieux.
On l’a soulevée pour la poser à plat sur la table : c’est qu’elle était lourde, la petite valise à
lettres !
Faire sauter les ferrures, un peu rouillées, ma parole, bien dures à manipuler !
Et soulever le couvercle, récalcitrant lui aussi.
Il y avait donc tellement longtemps qu’on ne l’avait pas ouverte, cette boîte précieusement
trimbalée d’un déménagement à l’autre, fidèlement gardée à portée de main ?
Ouverte, elle était pleine à ras-bord, remplie d’enveloppes manuscrites toutes mélangées,
d’écritures que l’on reconnaissait instantanément, ça alors !
Retrouvailles avec des adresses, des mots tracés dans des encres de toutes les couleurs, du
noir, du bleu turquoise, du vert de jeune pousse, du marron, du bleu « Waterman », du rose
fuchsia…
Zoom arrière vers ce temps où on s’écrivait des lettres pour se donner des nouvelles et se
raconter découvertes et projets ; où on utilisait un stylo à encre, plus tard un « feutre » (il y
avait un plus grand choix de couleurs !) ; où on choisissait la couleur et la qualité du papier, où
on cherchait un joli timbre – selon le ou la destinataire, ou le contenu de la lettre.
A réception, on essayait de deviner l’histoire à l’intérieur avant d’ouvrir la missive…
Et voilà qu’on les prend une à une entre ses doigts, précautionneusement, on n’ouvre pas tout
de suite l’enveloppe, l’adresse où on nous l’a envoyée, la date du cachet de la poste nous
ramènent au premier coup d’oeil à un épisode particulier de notre vie, l’écriture sur l’enveloppe
nous parle d’une amitié, d’un amour, d’une rencontre, d’une affection, on renoue en quelques
secondes avec un petit bout de qui on fut…
La nuit tombe, on n’a pas vu le temps passer, on n’a bien sûr rien trié du tout – surtout pas !
Aucun sentiment de culpabilité.
On referme la petite valise, un peu ivre de ces télescopages à travers le temps, de ces
retrouvailles dans le désordre, on titube un p’tit peu, c’était doux et plein de tendresse, on a
passé un bon moment avec soi.
Plaisir solitaire, secret. On se dit que, confinement ou pas, il faudra recommencer !
On a bien mangé ! Aujourd’hui, c’était cassoulet. L’hiver, c’est un plat de saison pour les Occitans. Pas d’entrée, éventuellement un dessert léger. On a bu du Minervois pour accompagner ce plat emblématique de Castelnaudary.
heyliettC’est l’anniversaire du cadet et comme chaque année, il a commandé une forêt noire, son dessert préféré. Pas vraiment léger après un cassoulet.
Son jeune frère met la main à la pâte, si on peut dire : il monte la crème en Chantilly. Puis il m’aide à superposer les tranches de la génoise chocolatée, imprégnées de kirsch et recouvertes de la crème fouettée où l’on enfonce délicatement les petites guignes, avant de recouvrir l’ensemble du gâteau avec la crème restante.
Après avoir dégusté la délicieuse forêt accompagnée d’une flûte de champagne, on est repus, surtout les garçons qui ne sont pas des becs sucrés. On attend tous le café, dernier moment de partage de ce repas festif.
Bientôt, l’odeur caféinée vient nous chatouiller les narines et l’on tend tous notre tasse vers la cafetière. Pour moi, il manque quelque chose, il est inconcevable de prendre le café sans un carré de chocolat, son inséparable compagnon. C’est pour moi un rituel immuable, même après ce dessert hautement chocolaté. Juste un petit carré de chocolat avec une pointe de piment d’Espelette !
Un petit plaisir coupable ? Mais les plaisirs coupables, quand on ne peut pas y résister ne deviennent plus des plaisirs mais des agacements permanents qui me piquent. Se raisonner pour rester raisonnable et s'accorder quand même un petit plaisir. Combien pèsent les endorphines face à la culpabilité d'avoir cédé ?
christianeVoilà l'autre face cachée des joies de la transgression....