Cette semaine, la météo était propice au farniente et je me suis replongée dans la lecture de l’espace antérieur, de Jean-Loup Trassard. Une de ces lectures vagabondes, petites scènes évoquant des souvenirs, et que vous pouvez lire dans le désordre.


 "Vos souvenirs ? Les miens ? Peu importe. Qui n'a été enfant ? Qui ne connaît ces éclosions en surface de la mémoire d'images montées du fond, lumineuses, étonnamment précises quoique assiégées de flou, silencieuses ? Si vous capturez ces images, entreprenez par exemple de les retenir par l'écriture, les armoires du fond demeurent entrouvertes, et la mémoire, sorte d'étang obscur, s'agite, laisse affleurer d'autres images qui, une à une, se détachent du passé, traversent l'opaque, doucement surgissent, aujourd'hui s'imposent à la rêverie. »


 Certains prennent à nos yeux une valeur particulière. Souvent liés à un souvenir, à un être aimé, les objets cristallisent nos émotions et nos sentiments : amour, tristesse, joie, peur, désir, jalousie.


Je vous propose donc de répondre à l’invitation de l’auteur :

Faites la description la plus précise d’un objet présent dans vos souvenirs (réels ou fictifs, actuels ou futurs) et présentez le comme une énigme, sans  le nommer.


Les précisions apportées par le texte permettront de le deviner tout en lui conférant un peu de mystère. A nous de deviner ce que cela peut être…


Un exemple avec cet extrait :

« Deux petites poches à ma culotte courte. De l’une je sortais pour le regarder l’objet parfait et énigmatique. J’étais sur l’herbe de notre pré, celui qui touche le jardin, où sont quatre poiriers à cidre, et j’avais ce souvenir du lointain. Absolument mystérieux. Bleu assez pâle, où surtout terni par l’usure. Un côté bombé, l’autre moins, c’était presque rond. Rencontré entre vagues et page... je me souviens que je savais plus... pas une pierre ou alors très riche, pas un coquillage malgré formes, couleurs, nacres versées sur le sable par le bord agité de la mer où je n’entrais pas. Dans ma paume cette presque boule usée, c’était parcelle de l’inconnu sans contours que je tenais. Là sur l’herbe, entre les poiriers, peut-être cinq ans, une rêverie vague. »
Jean-Loup Trassard, L’espace antérieur, Gallimard, 1993.

Avez-vous deviné ?

 

Ecrire une description d'un objet implique de permettre au lecteur de se le représenter avec tous ses sens : donner à voir au lecteur, mais également à entendre, goûter, sentir et toucher. Si vous parlez d’un livre par exemple, évoquez le bruit des pages que l’on tourne, son poids dans vos mains, les couleurs de la couverture…  L’expression des sensations et des sentiments procurés par ce qui est décrit est aussi essentielle.

Comme dans cet extrait, la première phrase de votre texte nous renseignera sur le lieu où se trouve l’objet, une phrase sans verbe, comme pour légender une image, premier indice de notre quête…Surtout, ne nommez pas l’objet, c’est à nous, lecteurs, qu’il reviendra de le deviner !


Je vous souhaite de faire surgir de jolis souvenirs que j’ai hâte de découvrir.