A vous d’imaginer la suite de cette fable qui devra se terminer par une morale :

 

Un jardinier, dans son jardin,

Avait un vieux arbre stérile ;

C'était un grand poirier qui jadis fut fertile :

Mais il avait vieilli, tel est notre destin.

Le jardinier ingrat veut l'abattre un matin ;

Le voilà qui prend sa cognée.

Au premier coup l'arbre lui dit :

Respecte mon grand âge, et souviens-toi du fruit

Que je t'ai donné chaque année.

La mort va me saisir, je n'ai plus qu'un instant,

N'assassine pas un mourant

Qui fut ton bienfaiteur…

 

A vous....



La voici en entier « le vieux arbre et le jardinier » de Jean-Pierre Claris de Florian, 1792

 

Un jardinier, dans son jardin,

Avait un vieux arbre stérile ;

C'était un grand poirier qui jadis fut fertile :

Mais il avait vieilli, tel est notre destin.

Le jardinier ingrat veut l'abattre un matin ;

Le voilà qui prend sa cognée.

Au premier coup l'arbre lui dit :

Respecte mon grand âge, et souviens-toi du fruit

Que je t'ai donné chaque année.

La mort va me saisir, je n'ai plus qu'un instant,

N'assassine pas un mourant

Qui fut ton bienfaiteur. Je te coupe avec peine,

Répond le jardinier ; mais j'ai besoin de bois.

Alors, gazouillant à la fois,

De rossignols une centaine

S'écrie : épargne-le, nous n'avons plus que lui :

Lorsque ta femme vient s'asseoir sous son ombrage,

Nous la réjouissons par notre doux ramage ;

Elle est seule souvent, nous charmons son ennui.

Le jardinier les chasse et rit de leur requête ;

Il frappe un second coup. D'abeilles un essaim

Sort aussitôt du tronc, en lui disant : arrête,

Ecoute-nous, homme inhumain :

Si tu nous laisses cet asile,

Chaque jour nous te donnerons

Un miel délicieux dont tu peux à la ville

Porter et vendre les rayons :

Cela te touche-t-il ? J'en pleure de tendresse,

Répond l'avare jardinier :

Eh ! Que ne dois-je pas à ce pauvre poirier

Qui m'a nourri dans sa jeunesse ?

Ma femme quelquefois vient ouïr ces oiseaux ;

C'en est assez pour moi : qu'ils chantent en repos.

Et vous, qui daignerez augmenter mon aisance,

Je veux pour vous de fleurs semer tout ce canton.

Cela dit, il s'en va, sûr de sa récompense,

Et laisse vivre le vieux tronc.

 

Comptez sur la reconnaissance

Quand l'intérêt vous en répond.