Dès 1922, les surréalistes n'auront de cesse de noter et de publier leurs rêves.

les poètes et peintres surréalistes, autour de Breton, Desnos, Soupault , Eluard etc... relatent le contenu de leurs songes sans s’égarer dans le hors-piste de l’interprétation. Il s’agit pour eux de retrouver une écriture dénuée d’intellectualisme.  Retrouver l’étrangeté du réel, véritable terreau de la poésie.

 

C'est donc une libération de l'esprit en supprimant les barrières posées par l'éducation. Les lois grammaticales n'ont aussi aucune importance. Ils ont de la même manière utilisé la  technique du cadavre exquis pour créer collectivement leurs poèmes.

 

Un poème d’Eluard :

 

Avant eux, Beaudelaire explore l’univers onirique, la langue là aussi n’est pas celle du récit : images, bruits, ambiances, phrases sans lien.

Symptômes de ruine. Bâtiments immenses. Plusieurs, l’un sur l’autre. des appartements, des chambres, des temples, des galeries, des escaliers, des cœcums, des belvédères, des lanternes, des fontaines, des statues. — fissures, Lézardes. humidité promenant d’un réservoir situé près du ciel. — Comment avertir les gens, les nations — ? avertissons à l’oreille les plus intelligents.

Tout en haut, une colonne craque et ses deux extrémités se déplacent. Rien n’a encore croulé. Je ne peux plus retrouver l’issue. Je descends, puis je remonte. Une tour-labyrinthe. Je n’ai jamais pu sortir. J’habite pour toujours un bâtiment qui va crouler, un bâtiment travaillé par une maladie secrète. — Je calcule, en moi-même, pour m’amuser, si une si prodigieuse masse de pierres, des martres, de statues, de murs, qui vont se choquer réciproquement seront très souillés par cette multitude de cervelles, de chairs humaines et d’ossements concassés. — Je vois de si terribles choses en rêve, que je voudrais quelquefois ne plus dormir, si j’étais sûr de n’avoir trop de fatigue.

 

Charles Baudelaire, Petits poëmes en prose, Michel Lévy, 1869.

 

 Je vous propose de relater un rêve en répondant à chacune de ces questions. En atelier, nous avons pratiqué par cadavre exquis, chaque réponse était donc sans lien avec la phrase précédente, ce qui a donné le caractère fragmentaire, illogique et décousu propre au récit onirique...

Vous pouvez vous y essayer seul(e)


-            A quel moment se passe le rêve ?

 

-            Qu’êtes- vous en train de faire ?

 

-            Où êtes-vous ?

 

-            Avec qui êtes- vous ?

 

-            Que voyez- vous autour de vous ?

 

-            Que ressentez- vous, que pensez- vous ?

 

-            Quel est le problème ou au contraire l’objet de plaisir ?

 

-             Un mot, un détail ?

 -            Un geste

 -            Par quoi se termine le rêve ?