Mon cinéma, sixième proposition
19 nov. 2021
Par carole lacheray - Le point de vue de l'objet - Lien permanent
Le point de vue de l'objet
Réécrire la scène du film du point de vue de l’objet :
- la robe noire de Mireille D’arc dans Le Grand Blond avec une chaussure noire,
- la 2CV de Bourvil dans Le Corniaud,
- la clé à molette de Chaplin, ou la machine, ou l'un des rouages, dans Les Temps modernes,
- les longs gants de Rita Hayworth dans Gilda,
- la chambre ou l’un des meubles de la chambre dans 2001, l’Odyssée de l’espace,
- la robe de mariée de Jeanne Moreau dans La mariée était en noir,
- l’harmonica de Charles Bronson dans Il était une fois dans l’Ouest,
- le sabre-laser de Dark Vador ou de Luke Skywalker dans Star Wars.
- la locomotive dans L’arrivée du tarin en gare de La Ciotat,
- le vélo-solex de Jacques Tati dans Mon Oncle,
- le couteau de Eiko Matsuda dans L’Empire des sens,
- le landau dans Le Cuirassé Potemkine,
- la DeLorean de Doc dans Retour vers le futur,
- la robe de Marylin Monroe dans Sept ans de réflexion.
Commentaires
J'ai de la chance, j'aurais pu me retrouver à la main d'une vieille dame riche et flétrie.
BrigitteMais voilà, c'est Gilda que j'habille ! J'ai cet honneur.
Ah quand elle s'approche en chantant Put the blame on mame ! Quelle joie de participer à cette énergie sensuelle ! J'en suis encore tout retourné !
Car elle est belle Gilda ! Bon plutôt, elle est sublime Rita ! Et c'est elle qui m'a vraiment choisi, je ne suis pas là par la bonne volonté d'une habilleuse anonyme. Non, c'est Mme Rita qui m'a voulu !
Vous ne vous rendez pas compte, mais je frémis pendant qu'elle marche, en chantant sous le regard séduit du public. Oui je frémis et me laisse envahir par la douceur de la peau, son parfum envoûtant.
Comme vous, j’entrevois ses cuisses et rêverais de les frôler, mais non. Je suis gant, pas cuissarde !
Par contre j'ai droit au long enroulage (je suis le gant droit), mon acolyte de gauche a moins de chance. Et c'est là que je deviens un véritable accessoire. Et je fais de mon mieux pour être à la hauteur de la lumineuse Rita. Mon rôle est de second ordre, primordial cependant. Hélas la gloire est brève, Rita me jette en arrière, et je disparaît du devant de la scène. Mon regret, qu'elle ne fasse pas de bis. (nous avons fait plusieurs prises mais j'aurais eu des prolongations peut-être?)
Que suis-je devenu ? L'accessoiriste m'a ramassé, et Rita a exigé de me récupérer, preuve de mon importance. Elle ne m'a plus porté, mais m'a souvent caressé et conté ses secrets, même quand elle perdait la tête. Au fond de ma boîte je me remémore ces moments intenses. La solitude me pèse, et je regrette que mon gauche soit parti vivre sa vie de son côté. Si nous étions ensemble nous pourrions nous épauler et nous chanterions en chœur Put the blame on mame.
Que je suis belle, oui vraiment je suis belle. Belle à voir, belle à porter, belle à toucher. Je suis fluide, légère, coquine un peu et je suis faite, fête pour elle, la Sublime Marylin.
ChristianeTant de femmes m'ont désirée, copiée, jalousée et tant aimée.
Tant d'hommes nous ont désirées, moi Robe Sublime et Elle Femme Divine.
Yes, Brigitte, "Put the blame on mame"