Le journal est écrit pour soi-même.

On écrit d’abord pour soi, au moins. Voici une typologie des destinataires.

1. Soi seul et ses propres relectures

2. Un proche, qui en réalité ne doit pas le lire (Germaine de Staël, George Sand).

3. Un ou quelques proches qui en prendront connaissance

 4. Un lecteur non destinataire, admis après coup (Kafka, Anaïs Nin).

5. Des lecteurs futurs espérés et souhaités, mais sans aucune idée précise de publication (Stendhal).

6. Une ouverture réciproque dans un couple (les Tolstoï, les Woolf).

7. Une publication posthume, partielle ou totale, autorisée ou non (Constant, Michelet, Kafka),

Spécificités du journal intime :

-          Ecrit à la première personne

-          Contient des informations très intimes, presqu’inavouables parfois, des états d’âme

-          Témoigne d’une époque

Anaïs Nin :

« Le journal est mon kif, mon haschisch, ma pipe d'opium. Ma drogue et mon vice. Au lieu d'écrire un roman je m'allonge avec un stylo et ce cahier, et je rêve, je me laisse aller aux reflets brisés, je quitte la réalité pour les images et les rêves qu'elle projette...

Ma drogue. Elle recouvre tout d'un voile de fumée, elle transforme tout à la manière de la nuit. Il faut que tout ce qui est matériel soit ainsi fondu dans le creuset de mon vice car, sinon, la rouille de la vie ralentirait mon rythme pour en faire un sanglot. »

 

Samedi 20 juin 1942

C’est une sensation très étrange, pour quelqu’un dans mon genre, d’écrire un journal. Non seulement je n’ai jamais écrit, mais il me semble que plus tard, ni moi ni personne ne s’intéressera aux confidences d’une écolière de treize ans. Mais à vrai dire, cela n’a pas d’importance, j’ai envie d’écrire et bien plus encore de dire vraiment ce que j’ai sur le coeur une bonne fois pour toutes à propos d’un tas de choses. Le papier a plus de patience que les gens : ce dicton m’est venu à l’esprit par un de ces jours de légère mélancolie où je m’ennuyais, la tête dans les mains, en me demandant dans mon apathie s’il fallait sortir ou rester à la maison et où, au bout du compte, je restais plantée là à me morfondre. Oui, c’est vrai, le papier a de la patience, et comme je n’ai pas l’intention de jamais faire lire à qui que ce soit ce cahier cartonné paré du titre pompeux de "Journal", à moins de rencontrer une fois dans ma vie un ami ou une amie qui devienne l’ami ou l’amie avec un grand A, personne n’y verra probablement d’inconvénient.

Me voici arrivée à la constatation d’où est partie cette idée de journal ; je n’ai pas d’amie.

Imaginez que vous venez de trouver un journal intime enfoui dans un grenier. Ecrivez en la première page, celle dans laquelle le ou la diariste se présente, explique sa motivation à écrire son journal.

On doit pouvoir imaginer à qui nous avons à faire, la période à laquelle il ou elle vit, l’endroit, sa situation familiale.

Pour vous aider : homme, femme ou enfant ? Quelle âge ? Quelle période, quel milieu ? Quelles circonstances amènent à écrire ?