ô temps suspends ton vol
9 déc. 2022
Par carole lacheray - ô temps, suspends ton vole - Lien permanent
ô temps, suspends ton vol
En écriture aussi, on peut ralentir…
Beaucoup de choses ont déjà été sacrifiées sur l’autel de la vitesse. Nous avons oublié ce qu’est l’attente et comment profiter du moment où arrivent les événements. Les restaurateurs ont noté que de plus en plus de dîneurs pressés demandaient à régler la note et commander leur taxi avant même d’avoir entamé leur dessert. Beaucoup de fans quittent le lieu d’une rencontre sportive avant son issue, simplement pour prendre de l’avance sur leur trajet de retour. Et puis il y a cette malédiction de faire plusieurs choses à la fois. Accomplir deux choses en même temps nous paraît si intelligent, si efficace, si moderne… Et pourtant, cela équivaut souvent à faire moins bien les deux activités. Comme beaucoup de gens, je lis le journal tout en regardant la télévision – et je constate que je ne retire pas grand-chose de l’une et l’autre de ces occupations.
L’éloge de la lenteur, Carl Honore
On utilise la pause pour suspendre un récit, ce qui a pour effet d'interrompre les actions et de ralentir le rythme du récit au maximum. On décrit, explique, commente, s’attarde sur des détails pour créer une rupture :
Le piéton Médéric Rompel, que les gens du pays appelaient familièrement Médéri, partit à l'heure ordinaire de la maison de la poste de Rouy-le-Tors. Ayant traversé la petite ville de son grand pas d'ancien troupier, il coupa d'abord les prairies de Villaumes pour gagner le bois de la Brindille, qui le conduisait, en suivant l'eau, au village de Carvelin, où commençait sa distribution.
Il allait vite, le long de l'étroite rivière qui moussait, grognait, bouillonnait et filait dans son lit d'herbes, sous une voûte de saules. Les grosses pierres, arrêtant le cours, avaient autour d'elle un bourrelet d'eau, une sorte de cravate terminée en nœud d'écume. Par places, c'étaient des cascades d'un pied, souvent invisibles qui faisaient sous les feuilles, sous les lianes, sous un toit de verdure, un gros bruit colère et doux; puis, plus loin, les berges s'élargissant, on rencontrait un petit lac paisible où nageaient des truites parmi cette chevelure verte qui ondoie au fond des ruisseaux calmes.
La petite roque, Maupassant
A vA vous d’introduire des pauses dans ce récit :
Il allait bientôt atteindre la ligne d’arrivée. Les acclamations le soutenaient. Ses efforts allaient être récompensés. Il ne courait plus, il volait…
Commentaires
Qui a décidé de me fractionner, de me diviser de plus en plus ?
BrigitteQui a décidé que je suis de l'argent ? Qui s'imagine que j'accélère ?
Foutaise !.
Je sais, pour vous le temps est compté, moi je ne décompte rien, je n'existe ainsi que dans votre tête..
Ma préoccupation, c'est le soleil et les révolutions de la terre.
Alors, je me la coule douce, et vous invite à faire de même.
Il ne respirait plus, il soufflait. Il allait gagner.
JocelynePourtant, alors que son pied droit allait se poser sur la ligne d’arrivée, un chant mystérieux l’enveloppa tout entier et le transporta, l’emporta comme un fétu de paille dans un monde merveilleux. Des papillons de toutes les couleurs voletaient autour de lui et venaient se poser sur sa peau, la caressaient, laissant derrière eux une poudre d’étoiles. Le ciel, d’un bleu luminescent laissait filer de fins nuages éthérés aux formes mythiques d’homme à tête de cheval et de déesses aux tenues transparentes, les cheveux déployés.
Soudain, un cri, une pression forte sur sa poitrine, le regard affolé de celui qui, au-dessus de lui criait: on va le perdre, on va le perdre!
Il expulsa un son rauque. La foule hurla: il est revenu!
Le paysage lumineux, les papillons, les déesses avaient disparus. Il se retrouvait, ici, allongé juste devant la ligne d’arrivée.