Eloge de la lenteur
9 déc. 2022
Par carole lacheray - L'éloge de la lenteur - Lien permanent
Les heures creuses
Quelle est la première chose que vous faites le matin ? Tirer les rideaux ? Vous blottir contre votre compagne ou compagnon d’oreiller ? Sauter du lit et faire une série de dix pompes pour activer la circulation ? Non, la première chose que vous faites et que tout le monde fait, c’est de regarder l’heure. Perché sur la table de nuit, le réveil nous donne nos repères et nous indique non seulement où nous en sommes par rapport au reste de la journée, mais aussi comment réagir. S’il est tôt, je ferme les yeux et tente de me rendormir. S’il est tard, je saute hors du lit et me dirige immédiatement vers la salle de bains.
Dès le tout premier moment de la journée, le réveil mène le jeu. Et il en ira de même jusqu’au soir, tandis que nous courons d’un rendez-vous, d’une échéance à l’autre. Chaque moment s’inscrit dans un emploi du temps général et, où que nous regardions, qu’il s’agisse de la table de nuit, de la cantine du bureau, de l’écran de notre ordinateur ou de notre propre poignet, l’heure tourne, suivant nos progrès, nous enjoignant de ne pas prendre de retard.
Dans notre monde moderne et rapide, le temps nous semble un train sur le point de quitter la gare au moment où nous arrivons sur le quai. Aussi vite que nous allions et quelle que soit l’efficacité de notre organisation, il n’y a jamais assez d’heures dans une journée…
Vous décidez de ne pas faire de projet aujourd’hui. Vous laissez venir les envies, vos pas vous guider, laissant de côté tout ce qui peut sembler « obligation ». Chez vous ou dehors, laissez venir les sensations, vos états d'âme (plaisir ou culpabilité ?) et racontez…en poursuivant ce début de texte
« Le jour commence et je m’éveille, encore détachée de l’énervement et du combat des
hommes.
Indifférente à la réflexion qui sépare de tout.
J’écoute les rumeurs discrètes des oiseaux assourdies par les volets fermés. »
(Veronique Gentil, les heures creuses)
Commentaires
Je m'étire, je m'émerveille de la diversité et de la complexité des chants d'oiseaux. Je rêvasse et m'invente des conversations gazouillantes avec eux.
BrigitteSurtout ne pas s’attarder à vérifier l'heure. Il est l'heure qu'il est. Je n'ai rien de spécial à faire, enfin c'est ce que je m'efforce de croire. Je m'amuse des dessins lumineux que le soleil trace. Je joue à être un chat à la recherche d'une souris de lumière. Grisaille, obscurité, lumière, couleurs : ma chambre est dans cet entre deux fascinant où peu à peu la lumière repeint tout. Le noir se transforme en un camaïeu de gris avant de resplendir d'une riche gamme colorée. Je regarde la poussière qui me nargue, je la salue, j'observe mon bouquin qui m'appelle, je le caresse, je perçois mon estomac qui réclame, je l'ignore. Et mon cerveau me défie. Es-tu capable de passer une journée à paresser ? Une matinée à procrastiner ? Une heure à divaguer ?
Il est urgent d'attendre. Le temps de vivre ne vas pas s’arrêter pour autant.
Le jour commence et je m’éveille, encore détachée de l’énervement et du combat des hommes.
JocelyneIndifférente à la réflexion qui sépare de tout.
J’écoute les rumeurs discrètes des oiseaux assourdies par les volets fermés.
Je n’ai rien à faire aujourd’hui, qu’à laisser filer le temps, à profiter de chaque instant, à ouvrir mon coeur et mon âme à la contemplation, à regarder le ciel et la mer et écouter les cris des goélands, à prendre un livre et le laisser, écouter les préludes de Bach puis les infos.
Mais, comme il est difficile de ne rien faire, de juste se laisser porter comme une plume, de rester légère… je vais arroser les plantes, enlever les feuilles sèches de l’orchidée, ôter la couronne de Noël posée sur ma porte et donner un coup de balai.
Déjà midi, préparer un petit repas? pourquoi pas?