Rien ne sert de courir...
9 déc. 2022
Par carole lacheray - Rien ne sert de courir... - Lien permanent
...Il faut partir à point
Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point
Sitôt que moi ce but. — Sitôt ? Êtes-vous sage ?
Repartit l'animal léger.
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d'ellébore.
— Sage ou non, je parie encore.
Ainsi fut fait : et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire,
Ni de quel juge l'on convint.
Notre Lièvre n'avait que quatre pas à faire ;
J'entends de ceux qu'il fait lorsque prêt d'être atteint
Il s'éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter
D'où vient le vent, il laisse la Tortue
Aller son train de Sénateur.
Elle part, elle s'évertue ;
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu'il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s'amuse à toute autre chose
Qu'à la gageure. À la fin quand il vit
Que l'autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu'il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l'emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?
Je vous propose d’écrire une fable dont la morale sera : “Il faut être patient, le temps fait éclore les roses
Commentaires
J’espère que ça va marcher
Dans une ferme du pays d’Auge,
vivait un coq nommé Tornado.
Tout le monde le couvrait d’éloges
Il faut dire qu’il était grand, qu’il était beau.
Ses poules l’adulaient et se mettaient sous sa protection.
Les autres volailles craignaient ses ergots puissants
Et évitaient les conflits permanents.
Tous les matins, dés les premières lueurs du jour,
Perché sur le toit de sa cabane,
Fier et droit, plumage rouge et or,
Poitrail noir et queue en panache
Crête rouge et barbillons écarlates ,
Il jetait un regard triomphant sur son domaine
En poussant des cocoricos tonitruants.
Tout le monde était réveillé et beaucoup se plaignaient.
C’était le cas du dindonneau Arthur.
Il aimait vivre un peu à l’écart avec ses frères et sœurs.
Tornado lui tapait sur les nerfs,
Mais il enviait son chant puissant et son plumage chatoyant.
Lui, il était maigrichon, couleur gris fumée
Et ne savait que glouglouter.
Un jour pourtant, il prit son courage à deux pattes pour aller voir Tornado.
-« s’il te plaît Tornado, pourrais- tu me donner des cours de chant?
Crois-tu que je n’ai que cela à faire? Passe ton chemin, avorton ».
Arthur se réfugia auprès des siens et se consola
En mangeant tout ce qui lui tombait sous le bec.
Le temps passa.
Tornado continua à lancer ses cocoricos matinaux,
Arthur lui, continua à manger, à grandir
Et à faire épaissir son plumage gris noir.
Tous les matins il se mirait dans la mare
Et commençait à se trouver beau avec ses yeux maquillés de bleu.
Les excroissances charnues et molles qui ornaient
De rouge son cou et son front
Lui donnaient un air martial du plus bel effet.
On commençait à le remarquer dans la basse-cour.
Un matin, la basse- cour eut une panne d’oreiller.
Tornado, effondré dans un un coin, honteux,
Avoua qu’il avait perdu sa voix
Et n’avait pu assurer son service matinal.
Il fallait tout de même un nouveau roi
Et un nouveau clairon.
Arthur se présenta.
Gonflant son plumage, rayant le sol de ses ailes puissantes,
Arrondissant sa queue en une roue étincelante,
Il poussa des glouglous tonitruants.
Il était gros, il était beau, il était royal.
Il fut élu à l’unanimité.
Un grand chef cuisinier vint à la ferme
Pour choisir les volailles à mettre sur la carte de son restaurant.
« La chair ferme du coq sera parfaite cuisinée avec un bon vin,
Et ce gros dindon bien gras sera rôti et servi avec des marrons. »
Qui tira ses marrons du feu dans cette histoire?
Qui fut le dindon de la farce?
De Lucette :
Il faut être patient.
Le temps fait éclore les roses
Mais les roses ont des épines
LucetteLe temps fait éclore les roses, à l'heure ou les chiens de guerre dynamitent les démocraties, il faut être conscient, le temps fait éclairer les hélices, à l'heure ou de dangereux milliardaires confondent l’écologie avec la presse... à billets; il faut être lent pour devenir rapide! A l'heure des exosquelettes sous le sapin, des anges siliconés par la réalité aux cerveaux de belettes; LA NATURE révèle les pires MERVEILLES
EXO7Picoti était faiblement bâti. Son frère, Picoto ressemblait à un château.
BrigitteIl se moquait des gambettes de Picoti, tandis que ce dernier méprisait les biscotos de Picoto.
Picoti aimait chanter
Picoto préférait les tours.
Et tout le monde admirait les inventions de Picoto, il devint célèbre dans le monde entier.
Picoti,tout malingre qu'il était travaillait sa voix, qu'il avait pure et forte.
Tout seul, il osait le bel Canto, s’enivrait d'opéra et se droguait de ballades.
Tout seul il était heureux à l'abri de des rebuffades de Picoto.
Picoto, lui, élevait des tours rondes, carrées, ovales, sinueuses, droites.
Des tours en bois, en pierres, en briques, en verre, si bien que l'espace vint à manquer. Les gens finirent par se sentir oppressés. Picoto perdit en popularité, ce qui ne l'empêchait pas de toujours narguer Picoti et ses airs d'une autre époque.
Picoti gardait le sourire, chanter le rendait serein et il avait fini par se moquer des sarcasmes de son frère.
Quant à Picoto il n'était jamais satisfait, il voulait toujours une nouvelle tour, plus haute, plus impressionnante, plus fine, plus ci, plus ça, et gna gna gna.. Picoti le surnommait Monsieur Plus ça va, Moins ça va.
Et il chantait, il inventait de nouveaux airs, changeait les paroles et s'amusait tout seul ainsi.
Un jour, curieux il partit explorer la dernière tour de son frère, il grimpa en chantonnant.
C'est alors qu'il se rendit compte de la belle résonance de la pièce du 3ème étage.
Il se risqua donc à entonner une mélodie de sa composition. C'était exactement ce que tout le monde souhaitait, sans le savoir. Cette mélodie répondait aux cœurs joyeux, soulageait les âmes chagrines, apaisait les esprits inquiets, entraînait les timides, modérait les fougueux, comblait les insatisfaits.
Même Picoto se sentit brusquement paisible. Voilà des années qu'il se bagarrait avec les tours, et soudainement il réalisa que sa quête était vaine, Son gringalet de frère avait tout compris. La légèreté triomphait de la brutalité. Il se souvint alors de cette phrase que Picoti chantait souvent quand ils étaient enfants.
Il faut être patient, le temps fait fleurir les roses.
Jeune fille dans votre toute puissance
Jeune homme dans votre impatience
Sachez le tout doser
Des regards échangés aux baisers volés
La diablesse peut accuser
Le fripon de déraper
Le diable peut rétorquer
Que la coquine l’a provoqué,
Il aura tort car Metoo veille.
Une fable dont la chute est:
Il faut être patient, le temps fait éclore les roses :
Vite, vite, il faut aller
Courir dans la plaine isolée,
Vite, vite, il faut aimer
Dans le lit aux draps défaits!
Mais non, prenez le temps
De flâner au clair de lune
De vagabonder dans les dunes
Et dans l’attente fébrile
Des moments indicibles
Partagez les caresses,
Soyez dieu et déesse,
Sachez que la lenteur
Ouvre doucement les coeurs
Et apporte l’extase,
Sans aucune périphrase.
Car en vers ou en prose,
Il faut être patient, le temps fait éclore les roses.
En prose.
JocelyneL’homme regardait la femme, il prenait le temps de la contempler des pieds à la tête, il voyait son désarroi, son regard chaviré, tout à coup foudroyée, son bonheur disparu.
Elle était debout, appuyée contre le mur, ses yeux égarés semblaient regarder au-delà. La colère l’habitait.
Elle n’avait pas de temps à lui consacrer, il n’était qu’un vermisseau que d’un coup de talon, elle voulait écraser. Le messager qu’on veut tuer.
Dehors, le vent soufflait, la pluie battait les vitres et dans le ciel noir des zébrures dorées annonçait la tempête, le gros temps des marins.
Où était-il son amour? Emporté par le temps, emporté par le vent, balloté par les vagues, emmené jusqu’au royaume des sirènes où, tel qu’Ulysse, charmé par leur chant, il n’avait pas résisté.
Disparu en mer, pas de tombe, pas de cérémonie, seulement quelques fleurs jetées dans l’eau sombre. Pas le temps d’en faire plus.
Et maintenant cet homme parlant de lui au temps passé. Il disait avoir été son ami, son confident, qu’ils avaient passé du bon temps ensemble…
Elle n’avait pas le temps de l’écouter et en même temps elle se disait qu’il allait peut-être lui délivrer l’ultime message, celui qui la consolerait, qui lui permettrait d’entamer le temps du deuil, du chagrin résigné et bientôt l’espoir d’une nouvelle aube.
Entre hier, aujourd’hui et demain, les minutes, les heures se diluent comme ses larmes qui coulent sur ses joues. Elles ont le goût salé de la pluie et la tiédeur du vent du sud.
L’homme la regarde, il voudrait la consoler mais il comprend qu’il lui faudra encore du temps, beaucoup de temps. Il faut être patient…
Joy