Alain, philosophe (texte 1907) :

La source de la joie est au-dedans, j’en conviens ; et rien n’est plus attristant que de voir des gens mécontents d’eux et de tout, qui se chatouillent les uns les autres pour se faire rire. Mais il faut dire aussi que l’homme content, s’il est seul, oublie bientôt qu’il est content ; toute sa joie est bientôt endormie ; il en arrive à une espèce de stupidité et presque d’insensibilité. Le sentiment intérieur a besoin de mouvements extérieurs. Si quelque tyran m’emprisonnait pour m’apprendre à respecter les puissances, j’aurais comme règle de santé de rire tout seul tous les jours ; je donnerais de l’exercice à ma joie comme j’en donnerais à mes jambes.

En voici un par exemple :

Voici une petite pluie ; vous êtes dans la rue, vous ouvrez votre parapluie ; c'est assez. A quoi bon dire : "Encore cette sale pluie !" ; cela ne leur fait rien du tout aux gouttes d'eau, ni au nuage, ni au vent.

Pourquoi ne dites-vous pas aussi bien : "Oh ! la bonne petite pluie !". je vous entends, cela ne fera rien du tout aux gouttes d'eau ; c'est vrai ; mais cela vous sera bon à vous ; tout votre corps se secouera et véritablement s'échauffera, car tel est l'effet du plus petit mouvement de joie ; et vous voilà comme il faut être pour recevoir la pluie sans prendre un rhume.

 

Petit exercice de joie : notre joie dépend de notre capacité à laisser vivre en nous les moments joyeux. Je vous propose , donc pour vous y exercer, d’écrire le mode d’emploi pour susciter la joie lors d’un moment ordinaire de votre quotidien. Mode d’emploi pour …se mettre en joie devant le journal télévisé, à la caisse d’un supermarché, dans votre voiture, lors d’une balade…c’est parti pour un moment de joyeuse divagation.